EQUILIBRE CALCO-CARBONIQUE
Remarques préliminaires :
L'étude des caractéristiques physico-chimiques des eaux, ainsi que leur action sur le milieu environnant, sont souvent traitées comme des cas particuliers à cause de la complexité des relations entre les ions présents.
Ces équilibres sont instables en raison des variations de la température et des teneurs en gaz dissous (évasion ou dissolution), ce qui amène de nouvelles réactions et conséquences sur le milieu en contact avec l'eau.
En particulier, les problèmes de traitement, d'agressivité, d' incrustation ou de corrosion sont générés par les variations d'équilibres physico-chimiques et posent des problèmes techniques pour le captage, l'adduction et la distribution des eaux.
> Notes sur la méthode de mesure > Test au marbre.

L'étude de ces problèmes nous amène presque toujours à ce que l'on peut appeler :

les "équilibres calco-carboniques"


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Notions fondamentales relatives à l'équilibre des eaux.
NOTIONS D'EQUILIBRE
Quelques considérations générales
Mettre une eau à l'équilibre, c'est lui donner, par un traitement approprié, des caractéristiques stables dans le temps qui s'écoule entre son stockage après traitement et son utilisation par le consommateur.
L'équilibre de l'eau dépend de deux facteurs :

La recherche de cet équilibre nécessite la mise en oeuvre de deux moyens d'action :

Il va de soi que s'il s'agit d'installations anciennes, l'équilibre de l'eau ne peut être obtenu que dans l'amélioration des caractéristiques de celle-ci et non dans le choix des matériaux qui n'a d'objet que s'il s'agit d'installations nouvelles.

Les inconvénients consécutifs à un défaut d'équilibre des eaux sont dus à :

Dans les deux premiers cas, les ouvrages et équipements concernés sont endommagés et même détruits et l'eau acquiert turbidité et coloration. Dans le dernier cas, les canalisations sont rétrécies, parfois même obstruées et ne transitent plus les débits prévus.


(tartre récupéré)


EQUILIBRE IONIQUE DES EAUX
Rappel des composants essentiels de l'eau :


Rappel des éléments fondamentaux.

Rappel des éléments caractéristiques.
Ce sont les ions autres que les précédents. Ils peuvent se trouver ou non dans l'eau à laquelle ils confèrent son caractère particulier, par exemple :

Alors que les éléments fondamentaux sont toujours présents dans les eaux naturelles, les éléments caractéristiques ne le sont pas toujours.

Rappel des définitions essentielles.

 

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Relations fondamentales de l'équilibre ionique.
Les concentrations en ions ou moles sont liées entre elles par les relations fondamentales suivantes :

Si la solution est saturée en carbonate de calcium, l'application de la loi d'action de masse à l'équilibre hétérogène,

CaCO3 <<< >>> Ca2+ + CO32-

conduit à la relation (4) :

[Ca2+] [CO32-] = K's

K's étant une constante, à température donnée, et pour une force ionique donnée.

En pratique, les relations ci-dessus se simplifient car on s'aperçoit qu'en tenant compte des valeurs des constantes, certaines concentrations ont, selon le cas étudié, une valeur négligeable. C'est le cas des valeurs de (H+) ou (OH-) dont l'une ou l'autre ou les deux simultanément sont négligeables. Cette dernière éventualité se produit notamment à l'équilibre chimique pour lequel :

[H+] = [OH-] = 10-7

Notons au passage que l'eau est neutre chimiquement à pH 7 et à une température voisine de 23 °C. A une température différente, le pH de neutralité chimique s'écarte de la valeur ci-dessus. Quoi qu'il en soit, cette neutralité chimique n'est pas le signe d'une eau à l'équilibre carbonique.
C'est aussi le cas des valeurs de (H2CO3), (HCO3-) ou (CO32-) dont l'une au moins ou deux d'entre elles sont négligeables. Ces trois concentrations sont les termes de ce que l'on pourrait appeler le CO2 total.

Il existe des méthodes qui comportent à la fois des calculs et des représentations graphiques qui permettent d'étudier de façon relativement simple et rigoureuse les équilibres des eaux naturelles.

Nota : les quatre relations entre les six concentrations des éléments fondamentaux permettent d'envisager un graphique rapporté à deux axes de coordonnées relatifs chacun à un élément fondamental ou à une fonction de ces éléments. Chaque point du graphique représente alors une eau parfaitement déterminée;

Exemple : des relations (2) et (3), nous pouvons déduire la répartition de l'équilibre fondamental:

H2O + CO2 <<< >>> H+ + HCO3-

Nota : H2O + CO2 = [2 H+, CO32-] ou acide carbonique, H2CO3

% des formes de constituants des équilibres du CO2 et de l'alcalinité en fonction du pH (eau pure) :



ou voir ci-joint les courbes de ces équilibres en fonction du pH, pour une température de 25 °C et une minéralisation (salinité) très faible.

 

Directives officielles.
( selon la Circulaire NDGS/SD7A no 2007-39 du 23 janvier 2007 relative à la mise en oeuvre des arrêtés du 11 janvier 2007 concernant les eaux destinées à la consommation humaine > modifications apportées ).

d) L’équilibre calcocarbonique : la référence de qualité est précisée dans l’arrêté : les eaux doivent être à l’équilibre calcocarbonique ou légèrement incrustantes.
Il est considéré que cette référence de qualité est satisfaite lorsque ;

avec pH in situ : pH mesuré sur site, et pHeq : pH d’équilibre

Paramètre relatif à l’équilibre calcocarbonique dans la base de données SISE-Eaux (code CALCOC2) sont modifiées de la manière suivante (5 classes de qualité) :


Méthodes de calcul.
Le calcul des concentrations des éléments fondamentaux est possible dès que l'on connaît certaines valeurs caractéristiques de couples tels que pH et TAC ou pH et CO2 total ou [Ca2+] et CO2 total, ceci permettant de déterminer l'équilibre calcocarbonique.

De nombreuses méthodes ont été proposées par différents auteurs : méthodes graphiques et/ou par calcul nécessitant un micro-ordinateur.
En particulier :

Nota : dans ces programmes, les traitements classiques sont simulés.




Hallopeau-Dubin (méthode étudiée et complétée par le concepteur de ce site) :
< Les équilibres carboniques dans les eaux - J. Hallopeau - Terres et Eaux, 1960/1961, notes >

>>> Voir également ces pages sur le traitement de l'équilibre.

Bibliographie :




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Conditions optimales de l'équilibre.
Caractéristiques souhaitables.
Les caractéristiques de l'eau (TAC, TH et pH) sont déterminées en fonction des considérations suivantes :

 




ACTION DE L'EAU, NON EQUILIBREE, SUR LES METAUX.
La corrosion est une série complexe de réactions entre l'eau et les métaux et les matériaux dans lesquels l'eau est stockée ou transportée.
La principale préoccupation concerne la présence potentielle des métaux à caractère toxique , tels que le plomb et le cuivre; la détérioration et les dommages à la plomberie domestique, et des problèmes esthétiques tels que: le linge souillé, le goût amer et les taches bleu-vert autour des bassins et des drains.
Le principal problème de santé est le potentiel de présence de niveaux élevés de plomb et de cuivre dans l'eau. En raison des préoccupations liées au plomb, il est interdit l'utilisation de brasures à forte teneur en plomb. La principale source de cuivre est la lixiviation du cuivre dans les propriétés. Dans certains cas, le système de plomberie doit être remplacé et remplacé par une tuyauterie en PVC, PEX ou d'autres matériaux.
La corrosion se produit n'importe où dans la cellule ou le champ galvanique peut être ou a établi. Pour établir le champ qui doit être des métaux dissemblables qui sont connectés directement ou indirectement par un électrolyte, comme l'eau. C'est la même réaction chimique qui se produit dans une batterie.
Presque tous les métaux vont se corroder dans une certaine mesure. Cela dépend des caractéristiques physiques et chimiques des milieux, du métal et de l'environnement. Dans l'eau qui est douce, la corrosion se produit en raison de l'absence de cations dissous, tels que le calcium et le magnésium dans l'eau. En formant de l'eau plus dure, un précipité ou un revêtement de carbonate de calcium ou de magnésium se forme à l'intérieur de la tuyauterie (cela peut aussi obstruer un tuyau...).

L'eau avec des niveaux élevés de sodium, de chlorure ou d'autres ions augmentera la conductivité de l'eau et favorisera la corrosion. La corrosion peut également être accélérée par :

  1. pH bas (eau acide) et pH élevé (eau alcaline) - pour les eaux fortement alcalines - il est possible d'utiliser une balance chimique (bactéries réductrices de soufre), il est possible de rencontrer un problème lié à la corrosion microbiologiquement induite ;
  2. un débit élevé dans la tuyauterie peut provoquer une corrosion physique;
  3. la température élevée de l'eau peut augmenter le taux biologique de la croissance et de la corrosion chimique;
  4. l'oxygène et le CO2 dissous ou d'autres gaz peuvent induire la corrosion;
  5. les solides dissous élevés, tels que les sels et les sulfates, peuvent induire une corrosion chimique ou biochimique;
  6. Si le rapport massique du chlorure au sulfate est> 0,2, mais <0,5 il y a une préoccupation élevée, mais s'il est> 0,5 et l'alcalinité de l'eau inférieure à 50 mg CaCO3 / L, la préoccupation devrait alors être significative;
  7. les bactéries liées à la corrosion, le nombre élevé de plateaux standard, et la corrosion électrochimique;
  8. la présence de solides en suspension, tels que le sable, les sédiments, les sous-produits de la corrosion et la rouille, peut favoriser la corrosion physique et les dommages et faciliter la corrosion chimique et biochimique.

Le coût de la corrosion peut être coûteux, car une corrosion :

Le phénomène électochimique primaire est la formation de piles locales dues à l'ionisation, au contact de l'eau, du métal non protégé, qui perd, soit des électrons, soit des ions :

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INDICES DE CORROSION.
Les principaux indices utilisés en France actuellement sont :

  1. l'indice de Ryznar,
  2. l'indice de Larson.

1 - Indice ou Index de Ryznar IR :
Appelé également, indice de stabilité (en anglais, Ryznar Stability Index ou RSI), calculé par la formule simple (2 pHs-pH) , il donne une indication de la tendance corrosive ou incrustante (entartrante) de l'eau.
Ci-joint le tableau donné par l'auteur :


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Indication de tendances corrosives retenues :
Indice de Ryznar
Indication
<= 6.5
Pas de tendance corrosive
> 6.5 et <= 7.2
Corrosion légère
> 7.2 et <= 7.8
Corrosion legere (severe si > 60 dC)
> 7.8 et <= 8.5
Corrosion severe (si > 15 dC)
> 8.5
Corrosion tres importante

Notes sur cet indice :
Pour certaines eaux (types eaux industrielles : eaux de chaudières, circuits de refroidissement) les résultats des indices IS et IR (Ryznar) apparaissent contradictoires, par exemple :


Ce problème, n’apparait donc la plupart du temps, que pour les eaux très faiblement calcique et chaude (ce qui est le cas général des eaux de chaudière).
Notons cependant que l’indice de Ryznar ne tient compte - de par son mode de calcul simple - que du pH et du pHs, mais ne tient pas compte d’autres paramètres tels que la dureté calcique, la présence d’oxygène dissous, Fe-Mn, bactéries de la corrosion…, et accessoirement des teneurs en chlorures et sulfates (dont tient compte par contre l’indice de Larson avec également les ions hydrogénocarbonates).

Mais pour autant, Ryznar a établi son fameux tableau en ayant examiné un nombre important d’eaux, et donc avait remarqué cette tendance à la corrosion (ou à l’incrustation), en dehors des calcul classique établis par Langelier, et ce, concernant la corrosion des métaux, et particulièrement celle de l’acier et autres matériaux : fonte, aluminium, cuivre et leurs alliages. Mais également d’autres altérations possibles, comme la dégradation du béton.

Lorsque la couche de protection calcaire (dite de Tillmans) est difficilement réalisable du fait de la faible disponibilité du calcium (ce qui est les cas de figure montré puisque la teneur en Ca est de 1°F) une tendance à la corrosion s’avère donc possible, bien que l’indice de saturation donne (de par son calcul) une eau entartrante (par rapport à la limite de son niveau de saturation calcique).

Ainsi, donc on peut avoir une eau qualifiée d’entartrante par l’indice de saturation (ou équilibrée !), mais qui peut être corrosive vis à vis des métaux, d’ou l’intérêt de l’index de Ryznar qui est, dans certains cas, un bon indicateur d’alerte sur la tendance corrosive des eaux.

Rappellons que l’on définit habituellement trois états déterminant la tendance à la corrosion d’une combinaison métal / solution aqueuse :

Pour le fer, les zones de potentiel Eh et de pH délimitant les trois états ci-dessus sont souvent définies par le diagramme de Pourbaix :

((lien wikipedia).

Un grand nombre des métaux utilisés en construction sont suffisamment réactifs avec l’eau pour rendre difficile ou impossible la création d’un état d’immunité. C’est pourquoi la protection anticorrosion fait souvent appel à la création d’un état de passivation, ce que l’on obtient soit par les qualités inhérentes du matériau (ex. acier inoxydable), soit par la modification de la composition du fluide corrodant (ex. reminéralisation pour protéger les réseaux d’eau potable – voir passivation de l'acier au carbone par les eaux naturelles et neutralisation-reminéralisation).

Il apparait que les problèmes de corrosion sont très difficiles à cerner, surtout par des calculs simples ne faisant appel qu’à quelques éléments tels que pH et pHs, et en négligeant d’autres processus chimiques ou électrochimiques. Et bien évidemment certains calculs ne prétendent pas les résoudre, mais donne seulement des indications.


2 - Indice de Larson :
Permet le calcul de l'indice de corrosion des métaux, selon Larson (en anglais, Larson Ratio ou LR).

Rapport de la somme > [ (sulfates x 2] + chlorures ] / alcalinité (TAC).

Les valeurs seront exprimées en moles/litres.
Interprétation du résultat (propositions personnelles) :
(selon Larson, tendance à la corrosion si LR>0.5)

LR
Tendances
< 0.2
Pas de tendance à la corrosion
0.4<LR=>0.2
Faible tendance
0.5<LR=>0.4
Légère tendance
1.0<LR=>0.5
Tendance moyenne
=> 1.0
Nette tendance à la corrosion


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