Un lac acide est un lac,
généralement d'origine volcanique, tel un lac de
cratère ou un
maar*,
dont les eaux se sont acidifiées par dissolution de gaz
volcaniques.
Ils peuvent se former sur tout type de volcan, qu'il soit effusif
ou explosif, du moment que les conditions propices sont
réunies. Peu nombreux au regard des centaines de volcans
actifs existants, ils restent néanmoins assez
fréquents.
*Un
maar est un cratère volcanique d'explosion, parfois rempli par
un lac ou envahi par la mer.
Formation.
Un lac acide se forme à partir d'un lac de cratère
ou d'un maar dans le cas où le volcan rejette en permanence
des gaz volcaniques en quantité suffisante. Ces gaz doivent
être émis depuis le fond du lac dont la profondeur doit
permettre leur dissolution grâce à la pression de l'eau
plutôt que la formation de bulles qui remonteraient à la
surface. Néanmoins, un très fort dégazage
sous-lacustre peut à la fois acidifier un lac et former des
bulles qui éclatent en surface. Ces gaz peuvent dans le
même temps être émis au-dessus des eaux le long
des parois du cratère sous la forme de fumerolles ou de
solfatares parfois entourées de dépôts de soufre
comme le Kawah Ijen
en Indonésie.
Un renouvellement limité des eaux est important dans la mesure
où cela entraîne une dilution des eaux acides. Des
sources chaudes acides peuvent aussi jaillir directement et former
des vasques ou des mares acides. C'est le cas du Dallol
en Éthiopie et de certaines sources chaudes et fumerolles au
parcs nationaux américains de Yellowstone et de Lassen.
Si les gaz volcaniques émis sont pauvres en dioxyde de soufre
(SO2, lien
interne) et en chlorure
d'hydrogène HCl (acide chlorhydrique).
Le dioxyde de carbone ou gaz
carbonique (CO2, lien
interne) reste le seul gaz
rejeté en quantité non négligeable avec la
vapeur d'eau
(lien
interne). Les eaux profondes du lac
de cratère ne s'acidifient donc pas mais se chargent en
dioxyde de carbone. En cas de perturbation des différentes
couches d'eau, une éruption limnique se produit, se traduisant
par un dégaze brutal du lac : les lacs Nyos
et Monoun au Cameroun ont
déjà connu de telles éruptions.
Si les gaz volcaniques sont principalement composés de
SO2, ce composé va abaisser le pH
(potentiel hydrogène) des eaux en s'y
dissolvant sous la forme d'acide sulfurique
(H2SO4). D'autres lacs peuvent être
principalement composés d'acide chlorhydrique
[HCl ou H3O+, Cl-) , après
dissolution du HCl gazeux ou d'un mélange des deux. Cette
acidité varie de pH 4 à moins de 1.
Le cas extrême est celui du Poás
au Costa Rica dont les eaux ont un pH à peine supérieur
à 0, voire atteignant cette valeur lorsque les pluies sont
moins abondantes.
Les gaz volcaniques jaillissant généralement à
haute température car provenant du magma resté non loin
de la surface du volcan, ils réchauffent aussi les eaux qui
atteignent des températures comprises entre 30 et 85
°C.
Dans ces conditions de très forte
acidité, de composition chimique particulière et de
température élevée, la vie est pratiquement
absente de ces milieux, seules quelques espèces de
cyanobactéries
extrêmophiles parviennent à
s'y développer.
Toutes ces conditions entraînent une modification de la
couleur des eaux qui prennent des teintes allant le plus souvent du
vert clair au turquoise. Ainsi, tandis que l'acide sulfurique est
responsable de la couleur verte, les cyanobactéries le sont de
la couleur turquoise, les sédiments en suspension pour le brun
ou le gris hormis la silice qui entraîne une couleur bleu
clair. Le Kelimutu en Indonésie présente trois lacs
acides de couleur différente et très proches les uns
des autres ; leurs couleurs, parfois distinctes, changent
régulièrement et rapidement, passant du turquoise, au
vert, rouge et noir.
Des métaux peuvent se rajouter aux composés
présents dans les eaux des lacs acides. Sur le flanc de
l'Inielika en Indonésie, des lacs acides chargés de
sulfure de mercure et teintés en rouge apparaissent
après des pluies et s'assèchent rapidement ; le mercure
provient du sol sur lequel se forment les lacs et l'acidité de
fumerolles.
Disparition.
Un lac peut perdre son acidité lorsque l'un des facteurs
de son acidification disparait. C'est le cas lorsque les gaz
volcaniques ne sont plus rejetés par le volcan ou lorsque le
lac voit ses eaux être renouvelées en quantité
suffisante. Le lac du Pinatubo aux
Philippines, un ancien lac acide, s'est ainsi progressivement
mué en un lac de cratère aux eaux classiques lorsque
les gaz volcaniques ont cessé d'être émis.
L'origine des lacs acides est aussi un facteur de disparition. Se
formant principalement dans des cratères nés d'une
éruption volcanique, l'activité peut reprendre au
même endroit et vaporiser les eaux. Les parois du
cratère peuvent aussi s'effondrer et entraîner la
vidange brutale du lac comme au Kelud en Indonésie en
1919.
Risque.
Concrétions de sels, de soufre et de minéraux
formant des vasques retenant des eaux acides sur le Dallol en
Éthiopie. Les lacs acides représentent un risque pour
les populations et les infrastructures en plus de ceux communs
à tous les lacs de cratère. Ainsi, tandis qu'un lac de
cratère ne représente pas plus de danger que n'importe
quel plan d'eau, un lac acide peut être mortel par simple
immersion ou par inhalation des vapeurs qu'il peut dégager.
Lors de la vidange brutale d'un lac acide, la nature de ses eaux
rajoute un pouvoir destructeur à l'inondation. Dans le cas
d'une éruption volcanique se produisant sous le lac acide, ses
eaux peuvent être directement projetées aux alentours
par les explosions ou bien retomber sous forme de pluies acides ou de
cendres fortement corrosives après leur vaporisation. Ce cas
de figure s'est produit sur le Karthala en 2005.