C'est grâce à l'apport de Mars Odyssey
(voir Dossier),
dont le spectromètre à neutrons et rayons gamma
pénètre dans le sol sur 1 à 3 m : cet instrument
a détecté en abondance de l'hydrogène H2. "on
ne peut qu'associer sa présence à l'eau, car on n'a pas
identifié d'autres composés. Mais celle-ci n'est pas
forcément libre: il existe des minéraux sous forme
hydratée", souligne S. Maurice
(observatoire Midi-Pyrénées),
associé à l'expérience.
Aux pôles, on ne trouve pas moins de 50 % d'eau à
proximité immédiate de la surface. Un taux suffisamment
élevé pour traduire la présence de glace. A
l'équateur, de tout nouveaux résultats de la sonde
américaine donnent de 2 à 12 % selon les
régions. "là, il peut s'agir de minéraux
hydratés, comme les gypses (sulfate de
calcium dihydraté,
CaSO4·2H2O) que l'on trouve
sur Terre".
>>> photo de givre sur le sol de
Mars :
Dans sa prime jeunesse, Mars était peut-être recouverte
de vastes étendues liquides. Aujourd'hui, les premiers
mètres de son sous-sol contiennent de l'eau en quantité
variable, d'après les mesures de Mars Odyssey (les calottes
polaires en contiennent jusqu'à 50 %).
De l'eau liquide pourrait aussi remonter des profondeurs, comme le
suggèrent les "rigoles" vues par Mars Global Surveyor
(lien
externe), précise le chercheur.
la sonde Mars
Express
(voir Dossier)
l'a vérifié à distance avec son
spectromètre Oméga, et les robots MER
(Mars Exploration Rovers) in situ, avec leurs
propres instruments.
Si les signes de présence d'eau se multiplient, trois
mystères au moins demeurent. Tout d'abord, où sont
passés les "océans martiens" ?
Si l'on considère que la Terre et Mars, proches cousines, ont
reçu une dotation semblable lors de la formation du
Système solaire, alors de vastes étendues liquides ont
occupé jadis la planète rouge.
Mais celle-ci a perdu une grande partie de son atmosphère il y
a environ 3 milliards d'années, et ses océans
également.
"L'eau a pu s'échapper vers l'extérieur, mais aussi
être piégée dans le sol. Le processus de
déperdition de l'eau se poursuit, mais on ne connaît pas
son mécanisme",
souligne Christian Muller, chercheur à l'Institut
d'aéronomie spatiale de Bruxelles et coresponsable de
l'instrument Spicam. Pour tenter d'expliquer ce
phénomène, quatre instruments (Aspera,
Spicam, PFS et Mars) de la sonde Mars
Express (ESA) vont mesurer la
quantité d'eau qui se volatilise dans l'espace.
Deuxième énigme: d'où viennent ces traces
récentes de ruissellement découvertes par Mars Global
Surveyor et baptisées gullies (rigoles)
:
La question divise les chercheurs. C'est le résultat du
jaillissement d'une eau remontée des profondeurs sous l'effet
de la chaleur pour les uns, la simple action du vent ou de la glace
de CO2, abondante sur Mars, pour les autres.
"L'un des objectifs de Mars Express sera de vérifier si une
géothermie (Chaleur interne du globe - Etude
des phénomènes thermiques et de leur utilisation comme
source d'énergie) existe sur Mars.
Les instruments PFS et Oméga vont tenter de détecter
des inhomogénéités dans la composition en gaz de
l'atmosphère martienne, qui seraient le signe de l'existence
de points chauds, et Spicam mesurera la concentration en eau au
même endroit pour établir une corrélation"
explique Christian Muller.
Enfin, troisième énigme: existe-t-il un
réservoir d'eau liquide profondément enfoui sous la
surface de Mars?
C'est possible. Les chercheurs ont en effet repéré
certains cratères bien particuliers, dits à
"éjectas lobés". Ils pourraient résulter de
l'impact de météorites dans un sol riche en glace. La
chaleur dégagée l'a fait fondre et a provoqué
des éclaboussures de "boue".
Cela suggère que Mars possède un pergélisol
(Sol gelé en permanence) , comme on en
trouve dans les régions les plus froides de la Terre. Pour le
vérifier, il faudrait un forage profond, ce qui semble
difficile à réaliser, même si la NASA planche sur
le sujet. En revanche, Mars Express pourra effectuer un sondage en
profondeur grâce à son radar Marsis. Le signal
émis par cet instrument peut pénétrer
jusqu'à plusieurs centaines de mètres sous la surface
avant d'être réfléchi. Marsis détectera
des interfaces entre couches différentes (glace, roche), car
leurs propriétés électriques ne sont pas les
mêmes.
Il n'est pas impossible que, sous le pergélisol, il
révèle la présence d'eau liquide. Le puzzle de
l'eau martienne n'en sera pas complet pour autant. "La
difficulté sera de faire le lien entre l'eau de profondeur et
l'eau proche de la surface", résume Sylvestre Maurice.
Établir un modèle de l'eau et de sa
disponibilité est un enjeu fondamental pour la poursuite de
l'exploration de la planète rouge. Sans le précieux
liquide, pas de vie possible, que ce soit une très ancienne
vie martienne ou, dans quelques décennies peut-être,
celle des astronautes qui arpenteront le sol de Mars.
A noter :
Des lacs d'eau liquide salés pourraient exister dans le
sous-sol de cette planète : en effet de l'eau à 300
g de sel par litre (comme le lac Vanda
sur terre par exemple), ne gèlerait que vers -10
-15°C (sous une pression de 1000 Pa).
Mai 2007 - La NASA et
l'ESA confirment la
présence d'eau sur
Mars :
22/05/07 > La National Aeronautics and Space Administration
(NASA), annonce la découverte de fortes
concentrations de silice sur la planète Mars, nouvelle preuve
selon l'agence spatiale américaine de la présence
passée d'importantes quantités d'eau en surface. "Un
échantillon de sol martien analysé par le robot Spirit
de la Nasa est si riche en silice qu'il pourrait s'agir de la preuve
la plus solide à l'heure actuelle que Mars a dans le
passé été bien plus humide qu'à l'heure
actuelle", souligne le Jet Propulsion Laboratory (JPL), la
branche de l'agence basée à Pasadena, en Californie
près de Los Angeles. L'échantillon en question
était composé à 90% de silice.
"Le processus qui pourrait avoir produit une telle concentration
de silice requiert la présence d'eau", affirme la NASA. En
mars, de vastes quantités de glace d'eau pure sous le
pôle sud de Mars avaient été découvertes
par des instruments de la sonde européenne Mars Express
(European Space Agency, ESA). Les
scientifiques estiment désormais que la planète Mars,
qui s'est formée comme la Terre il y a quelque 4,6 milliards
d'années, a déjà été très
humide par le passé.
Par ailleurs, les preuves de présence d'eau dans le
passé, sont données par la présence d'argile
dans le lit des anciennes rivières
(spectromètre Oméga, 2007), et
aussi de gypse sous les glaces polaires nord (Mars
express).
Juin 2008 :
Bonne
nouvelle concernant la présence d'eau
(apportée par la sonde Phoenix)
La surface occupée par la substance blanche a légèrement diminué entre ces jours; les petites masses claires situées à lombre en bas à gauche de la tranchée ont disparu. On a là la preuve que cette substance blanche se sublime lentement à ces températures (-26°C) et pressions (600à 800 Pa). Seule une glace où l'eau (H2O) est le constituant principal répond à ces caractéristiques.
Décembre 2008.
La sonde américaine Mars Reconnaissance Orbiter
(MRO) vient de trouver un indice fort de
l'existence d'eau douce dans le passé de la planète
rouge.
Et qui dit eau douce, dit conditions propices à
lapparition de la vie
Les images infrarouges de MRO ont
en effet permis de repérer des
carbonates, notamment dans
la région de Nili Fossae (Nili Fossae, est
situé au nord-est du grand volcan Syrtis Major, lui-même
situé à la frontière entre les terres en
contre-bas nordiques et les montagnes méridionales de
Mars.) :
Cette découverte nest pas tout à fait une
première : des traces de ces précieux carbonates
avaient déjà été détectées
en faible quantité par la sonde Mars Global Surveyor, en 2003.
Mais les données à haute résolution obtenues par
MRO constituent une avancée décisive.
À charge maintenant pour les chercheurs détablir
un scénario crédible expliquant pourquoi ces
régions sont rares. Certains avancent lhypothèse
que leau a pu devenir acide à une certaine
période, dissolvant ainsi la majorité des
sédiments carbonatés déposés dans la
prime jeunesse de Mars.
Quoi quil en soit, la Nasa a trouvé là une
cible de choix pour de futures missions dexploration à
la recherche des traces dune vie fossile
toujours
hypothétique.
Nota : les prochains sites retenus par la Nasa seraient
les cratères Holden et Eberswalde et Gale Crater.
Novembre 2011 :
Ce gros plan du sol de Mars, pris par la caméra du robot
Opportunity, vaut de l'or pour les scientifiques. La veine
rocheuse claire qui s'étend sur 50 cm de long pour 1 à
2 cm de large est du gypse.
Or, le gypse, dénommé aussi gypsite, qui est une roche
saline commune des bassins sédimentaires soumis à
subsidences, est composée principalement du minéral
gypse, minéral salin très commun des séries
sédimentaires : le sulfate de calcium di-hydraté. Ce
dernier est à la fois une espèce chimique et une
espèce minérale, décrite par la formule CaSO4
· 2 H2O . Un litre d\'eau en dissout 2,5 g. Il permet de
fabriquer industriellement le plâtre, sous l\'action de la
chaleur [transformation en hémihydrate
CaSO4·1/2H2O]), se forme par infiltration d'eau à
travers des roches volcaniques. Exactement ce qui se produit dans les
sources hydrothermales. Cette découverte confirme les
observations faites en septembre 2011 et qui laissaient supposer
l'existence de telles sources. Cette veine de gypse a
été découverte le 3 novembre 2011, alors
qu'Opportunity avait atteint Cap York et remontait vers le nord en
longeant le bord du cratère Endeavour, à la recherche
d'une pente exposée au Soleil pour passer l'hiver austral. La
composition de la veine a été mesurée avec le
spectromètre à rayons X d'Opportunity. Résultat
: un sulfate de calcium quasiment pur. Du gypse avait
déjà été détecté sur Mars
depuis l'espace, mais essentiellement dans des dunes de sable fin.
Autrement dit, il s'agissait d'accumulations de résidus
d'érosion transportés loin du lieu où ils ont
été formés. Cette veine est l'un de ces lieux.
Les scientifiques pensent que le gypse découvert au bord du
cratère Endeavour a été formé à
partir d'une eau moins acide que celle qui est responsable de la
formation des « myrtilles », sortes de concrétions
sphériques de quelques millimètres de diamètre
découvertes dès 2004 par Opportunity.
Pour en savoir plus
(et sources)
:
>>> les
PODCASTS
de Ciel & Espace
radio.fr
( Y-a-t-il encore de leau liquide sur Mars ?
> à écouter
).
>>> Association : Section française de The Mars
Society (lien).
>>> L'Homme
posera-t-il un jour le pied sur Mars ? (extrait
vidéo) - Francis Forget, journaliste scientifique au
magazine Eurêka. s'entretient, au Musée de l'Air et de
l'Espace, avec Francis Rocard, délégué à
l'étude et à l'exploration de l'Univers, au Centre
national d'études spatiales (Cnes).
>>> un site ( Nirgal.net
) très documenté sur la Planète Rouge,
pages1
, pages2,
pages3
et pages4.
>>> Lien
externe sur Mars Global Surveyor
(NASA).
>>> Extraits de "2003, l'Année Martienne",
Ciel &
Espace (Juin).
>>>> lien sur la sonde Phenix
(NASA).
>>>>> lien
interne sur la sonde Mars Express
de l'ASE (ESA), et Lien
wikipedia sur l'instrument OMEGA (Observatoire pour la
minéralogie, l'eau, les glaces et l'activité),
présent sur la sonde.
>>>>> lien (lien wikipedia) sur la sonde Trace Gas Orbiter (TGO), de l'ASE (ESA), mise en orbite en 2018, du Programme ExoMars (lien wikipedia), ExoMars sur l'ESA (en).