Fer.
Rappel : la généralité sur le traitement du fer (physico-chimique) est à voir ici.

Deferrisation par traitement biologique.
Rappel de la biochimie du fer :
La plupart des ferrobactéries sont autotrophes, c'est-à-dire qu'elles utilisent le gaz carbonique CO2 ou les bicarbonates (HCO3-)
de l'eau, comme source de carbone.
Il existe trois groupes principaux de ferrobactéries :

Voir ci-joint un tableau de certaines bactéries intervenant dans l'oxydation du fer :
(sources : P.Mouchet, TSM n°401, juillet/aout 1989)

Comme le souligne P.Mouchet, la classification des ferrobactéries a été sujette à de nombreuses controverses et modifications [par ex. ; WINOGRADSKY, 1888 ; STAR-KEY, 1945 ; PRINGSHEIM, 1949 ; STOKES, 1954 ;
HÔHNL, 1955 ; MULDER & VAN VEEN, 1963 ; MULDER, 1964 ; PETITPREZ & LECLERC, 1969 ; HANERT, 1981a et 1981b]
> elle est donc peut-être susceptible d'évoluer encore à l'avenir.

Les bactéries du fer (et du manganèse) sont très répandues dans la nature, non seulement dans les eaux souterraines, les puits, les stations de traitement d'eau, les tuyauterie d'eau brute ou d'eau traitée, mais également dans les sources, les étangs, sur les sédiments des lacs, etc ... L'ensemencement naturel des installation de traitement pose donc, en général, et surtout dans le cas du fer, peu de problèmes.

Leurs conditions de croissance sont essentiellement :

Les risques de limitation des bactéries du fer seront très rares dans les eaux naturelles. La seule condition impérative est de les placer dans des conditions de pH et de potentiel redox (c'est-à-dire de rH) correspondant à leur domaine d'activité. Ceci est illustré dans le tableau suivant :

Teneur en oxygène dissous
0.2 à 3 mg/l
Potentiel d'oxydo-réduction (redox)
100 à 600 mV
rH
14 à 20
pH
5.5 à 7.5
Photo de ferrobactérie (microscope)

Modes d'action des bactéries du fer.
La déferrisation biologique, dans son principe, ne diffère pas fondamentalement des procédés d'oxydation (à l'air) et de filtration. Il s'agit d'un phénomène de nature catalytique, qui induit une oxydation du fer permettant de combiner les phases d'oxydation et de filtration dans un seul appareil, même si le pH est inférieur à 7.
Ainsi, de nombreuses bactéries permettent, en milieu aérobie une oxydation biologique du fer. Pour certaines bactéries, l'oxydation de ce métal est indirecte : elle est due à l'augmentation du pH liée à la croissance de ces bactéries. Cette augmentation du pH au voisinage de la bactérie permet l'oxydation du fer par l'oxygène à une vitesse variable.
On notera que pour les métaux complexés aux matières organiques, diverses bactéries hétérotrophes utiliseraient la fraction organique des complexes fer/matière organiques, ce qui libérerait le fer et permettrait sa précipitation par voie catalytique au voisinage de leurs capsules. Ce retour des métaux à l'état minéral pourrait permettre à des bactéries autotrophes de prendre le relais pour leur oxydation et leur précipitation.

Limites pratiques du procédé.
Dans les conditions standards (décrites plus loin), on peut traiter des eaux ne présentant pas d'autres nuisances que fer et dont les teneurs de certains éléments ne peuvent généralement pas dépasser des valeurs limites données ici :

Eléments
Limites
Fer total (Fe2+Fe3)
7 mg/l Fe
Manganèse
0.05 mg/l Mn2
Silice
15 mg/l SiO2
Chlore libre
0.3 mg/l Cl2
Ammoniaque
2 mg/l NH4
Turbidité
2 NTU
pH de l'eau à traiter
> 7.3

et par ailleurs, la teneur en oxygène dissous ne devrait pas dépasser une valeur donnée (liée au pH de l'eau), selon le graphique suivant :



REMARQUES SUR CE DERNIER POINT :
II peut arriver que la déferrisation biologique soit envisageable, en dehors des limites susnommées : lorsqu'une partie importante du fer est complexé, des teneurs en O2 dissous supérieures aux valeurs exprimées par la courbe peuvent tout à fait être envisagés, dans la mesure ou ce fer complexé ne pourra pas s'oxyder chimiquement à l'air (par des quantités d'air standard). Des cas de figures existent ou les quantités d'oxygène sont de 2 à 8 fois plus importantes que prévu.
A l'inverse, le procédé doit encore être simplifié (par suppression de l'injection d'air) lorsque les coordonnées pH/oxygène dissous de l'eau brute définissent un point situé sur ou au voisinage de la courbe.
Conditions non standards :
Les conditions non standards s'appliquent aux eaux dont certains éléments présents entraînent une modification légère du procédé, mais qui peuvent cependant être traitées par un système biologique. Ce cas est celui ou la présence de manganèse est supérieure à 0,05 mg/l ou l' hydrogène sulfuré (H2S) est soupçonnée.
Chaque cas devrait être étudié spécifiquement

PROCEDE BIOLOGIQUE :
Cette filière comportera simplement un filtre à sable et :

Voir le schéma ci-joint montrant le principe d'une installation

REMARQUES - Compacité des installations biologiques :
Ceci est illustré, pour une installation de 100 m3/h, par la figure suivante.




Avantages de la déferrisation biologique
.

Le fer est retenu sous forme très compacte. Il en résulte une capacité de rétention du fer (entre 2 lavages) très élevée. Comme pour la déferrisation par voie physico-chimique, cette capacité est fonction de la teneur initiale en fer de l'eau brute, mais est plus importante que dans le cas de la déferrisation physico-chimique. Il en résulte une économie appréciable sur la dépense en eau de lavage.

» Vitesse de filtration élevée :
Grâce à la nature du floc, les vitesses de filtration sont en général 2,5 à 5 fois plus importantes.

» Augmentation de la taille effective du sable :
Les fortes vitesses de filtration sont favorisées par la possibilité de choisir un sable plus gros, grâce à la nature des précipités formés et à la morphologie des bactéries. En pratique, on peut choisir un sable de taille effective de 1,30 mm ou même davantage. Ce qui induit que la perte de charge dans le matériau reste pratiquement identique, malgré l'augmentation de vitesse.

» Amélioration de fonctionnement d'anciennes installations :
Selon les cas, on peut procéder à la rénovation d'usine en adoptant une ou plusieurs des mesures suivantes :

Pour finir, par sécurité, et afin de s'assurer de la faisabilité de la déferrisation biologique, il est souvent préférable de procéder à un essai pilote sur le site. Quinze jours d'essais sont suffisants pour vérifier si le procédé fonctionne correctement.

Variantes.
Présence de micropolluants : utilisation de bicouche (charbon-sable) pour la filtration.

Turbidité > 1 NTU : mise en oeuvre d'une coagulation/floculation directe sur sable ou bicouche.

Manganèse :
lorsque l'eau contient simultanément du fer et du manganèse (> 0,5 mg/l) on est obligé d'observer des conditions de rH différentes pour l'oxydation de ces deux éléments par voie biologique. En outre, l'élimination du manganèse ne commencera que lorsque celle du fer sera terminée. On pourra donc adopter le schéma suivant :

La présence simultanée de fer et de manganèse limite donc à priori l'intérêt de traiter biologiquement ces deux éléments (étude nécessaire).

Ammoniaque : il ne perturbe pas sensiblement les processus biologiques de déferrisation et/ou de démanganisation. Ce paramètre n'est donc pas limitatif. Son oxydation par le chlore en amont du réacteur biologique n'étant pas envisageable, celle-ci devra être réalisée en aval. Un temps de contact minimum de 30 minutes (selon certains auteurs 1h) est à prévoir pour assurer cette oxydation. Les conditions de pilotage de l'injection de chlore devront être étudiées avec un soin tout particulier.

Ozone en post-traitement. : lorsque la filière prévoit une désinfection par l'ozone en phase finale du traitement, la filière biologique est à éviter en présence de manganèse. Il apparaît en effet difficile de maintenir par ce procédé un résiduel en manganèse dans l'eau traitée inférieur à 20 µg/l.
Le dépassement de ce seuil peut générer, après oxydation par l'ozone, une coloration rosé de l'eau distribuée (à vérifier par des tests).

Divers.
Utilisation d'eau traitée (pour les lavages) : de l'eau traitée sera prélevée avant l'injection de chlore (ou d'ozone) ou déchlorée (injection d'hyposulfite sur le refoulement de la pompe de lavage).
Neutralisation des oxydants de l'eau de lavage (si Cl2 > 0,3 ppm) :
Les réactifs à utiliser peuvent être, soit l'hyposulfite de sodium, soit le bisulfite de sodium ; les taux de traitement en produit pur à mettre en oeuvre sont stochiométriquement de :

Pour 1 g de
Pour 1 g de
Produits neutralisants
Cl2
O3
Hyposulfite de sodium (Na2S2O3)
4,45
3,3
Bisulfite de sodium (NaHS03)
2,93
2,16









CONCLUSIONS GENERALES
La déferrisation biologique est le traitement de choix des eaux à pH acide, neutre ou très faiblement alcalin, riches en fer et éventuellement en silice, mais dépourvues d'acides humiques et d'éléments toxiques tels que H2S (qui peut toutefois être éliminé par une aération ouverte), métaux lourds (par exemple, inhibition au-dessus de 0,1 à 0,2 mg/l de zinc), certains micropolluants organiques, etc.



Exemple de station : usine de Provins (Seine & Marne), 500 m3/h,

(sources : plaquette CGE/OTV)

















Manganèse.
Rappel : le traitement du manganèse par voie physico-chimique est à voir ici.

Démanganisation par traitement biologique.
Rappel de la biochimie du
manganèse :
Certaines eaux ne contiennent uniquement que du manganèse, ceci a permis d'identifier les organismes spécifiques de cet élément lorsque de telles eaux étaient le siège de phénomènes biologiques.

Les genres et espèces actuellement connus sont répertoriés dans le tableau suivant :

Ordres
Genres et Espèces
Chiamydobactériales (filamenteuses, engainées)

Leptothrix (L. cholodnii L. discophora L. lopholea L. ochracea)
(Obs. : L. discophora = anciennement Sphaerotilus discophorus)

Crenothrix (C. polyspora)
Clonothrix (C. fusca)

Eubacteriales

Metallogenium (M. personatum M. symbioticum)
Pseudomonas (ps. manganoxidans)
Siderocapsa sp.
Siderocystis sp.
Naumaniella (N. polymorpha)
Agrobacterium (A. radiobacter)
Pedomicrobium (P. manganicum)

Certaines bactéries non spécifiques : Achromobacter sp., Acinetobacter sp., Arthrobacter sp., Bacillus sp., Caulobacter sp., Citrobacter sp., Enterobacter sp., Moraxella sp., une association Corynebacterium + Chromobacterium, etc.

Hyphomicrobiales

Hyphomicrobium (H. vulgare)

Actinomycètes

Streptomyces sp., Nocardia sp.


On constate qu'à l'exception des bactéries pédonculées ou Caulobactériales (du genre Gallionella) qui n'oxydent que le fer, et de quelques espèces généralement réputées hétérotrophes, on y retrouve les grands groupes que nous avons déjà vus à propos des ferrobactéries ; certaines espèces, appartenant aux genres Leptothrix, Hyphomicrobium, Siderocapsa, Siderocystis, etc.
Elles sont même capables d'oxyder indifféremment le fer ou le manganèse, mais dans des conditions de milieu différentes.

Lorsque ces conditions sont favorables, toutes ces bactéries sont capables de provoquer ou d'accélérer, en milieu aérobie, une oxydation du manganèse par l'oxygène dissous.
Pour certaines de ces bactéries, l'oxydation de l'ion Mn2+ serait indirecte, grâce à l'augmentation de pH liée à leur croissance : les conditions alcalines ainsi créées au voisinage immédiat de la bactérie permettent en fait que l'oxydation chimique du manganèse soit suffisamment rapide.

Toutefois, la plupart du temps il s'agit d'un processus biocatalytique pouvant se dérouler, comme dans le cas des bactéries du fer, suivant diverses modalités :

La finalité des différents phénomènes peut correspondre à divers objectifs ; on peut penser en premier lieu, comme dans le cas du fer, à la fourniture d'énergie pour les organismes autotrophes ; toutefois, l'autotrophie stricte sera encore moins courante chez les bactéries du manganèse que chez celles du fer, car l'oxydation du manganèse divalent sous ses diverses formes fournit encore moins d'énergie que celle du fer (2 à 6 fois moins, suivant les cas).
Les bactéries du manganèse sont donc, en général, exclusivement ou partiellement hétérotrophes (sans toutefois qu'il soit nécessaire d'introduire un aliment carboné dans l'eau brute, contrairement aux traitements de dénitrification, car l'action catalytique s'exerce ici grâce à des enzymes ou des polymères sécrétés par une biomasse relativement très faible) ; les hypothèses émises sur la finalité de l'oxydation et la précipitation du manganèse se sont alors orientées sur des actions de détoxication du milieu, suivant le cas :

Dans tous les cas, le manganèse se dépose sous forme de dioxyde, anhydre MnO2 ou hydraté MnO(OH)2 ; il forme des précipités noirs très compacts, amas entourant les cellules bactériennes ou pustules garnissant les gaines des bactéries. Comme dans le cas de la déferrisation, les précipités de manganèse obtenus par voie biologique sont beaucoup mieux structurés que ceux qui résultent de réactions purement chimiques, probablement parce que la précipitation du MnO2 se produit à l'intérieur d'une matrice de polymères extracellulaires (sources : P.Mouchet, juin 1994).


Conditions de croissance bactérienne :
Nota : les conditions aérobies sont plus impératives que dans les cas de la déferrisation.

Si l'on compare ces dernières valeurs à celles qui caractérisaient le champ d'action des ferrobactéries, on voit que les deux domaines se juxtaposent, en se recouvrant très peu : la conception de base d'une installation de démanganisation biologique sera donc peu différente de celle d'une déferrisation biologique, et l'on pourra difficilement obtenir l'élimination simultanée des deux éléments dans le même filtre biologique.


Traitement standard.
(eau ne contenant que du manganèse)
Comme dans le cas de la déferrisation biologique, la démanganisation biologique peut être réalisée dans des stationsgravitaires ou sous pression, comprenant une aération et une filtration. La seule différence avec la catégorie précédente réside dans l'aération, qui doit être toujours intensive du fait des exigences du procédé en matière d'O2 dissous (une aération complémentaire de l'eau filtrée s'avère donc généralement inutile).

Stations sous pression:
C'est la solution la plus fréquemment adoptée, du moins en France ou les débits correspondant à ce traitement sont rarement élevés. Le schéma-type d'une telle station est tout à fait semblable à celui d'une station de déferrisation biologique avec les différences suivantes :

- seule subsiste l'aération amont (en ligne avec pot mélangeur), le débit d'air étant calculé sur les mêmes bases que pour une déferrisation physico-chimique ; il n y a donc jamais d'aération ménagée dans ce cas;

- un produit d'ajustement du pH (chaux, soude, Na2CO3,...) peut être introduit en amont de la filtration;

Stations gravitaires:
Aération intensive + filtres gravitaires (métalliques ou en béton),
Cette méthode peut être envisagée :

Paramètres de fonctionnement.
Vitesse de filtration :
Comme dans le cas de la déferrisation biologique, les boues sont très compactes A ce facteur s'ajoute à la rapidité des phénomènes d'oxydation pour permettre des vitesses de passage très élevées, lesquelles sont toutefois, comme en déferrisation, fonction de la teneur en manganèse à éliminer : la gamme habituelle est de 10 à 30 m/h.

Milieu filtrant:

Ensemencement :
(naturel ou provoqué)
Le développement des bactéries est beaucoup plus lent qu'en déferrisation biologique : le temps de démarrage d'une station sur sable neuf est, dans ce cas, généralement compris entre 0,5 et 2 mois, voire davantage. Il faut souvent :

dans des cas semblables, un suivi quotidien du potentiel d'oxydo-réduction (Eh) dans l'eau brute et dans l'eau traitée permet de confirmer l'évolution favorable du démarrage de la station.

Le départ d'une démanganisation biologique peut être facilité si le milieu filtrant contient du MnO2, par exemple s'il s'agit d'un sable naturellement ou artificiellement enrobé de MnO2 : il se produirait alors une adsorption de Mn2+ sur MnO2, suivie d'une oxydation catalytique et d'une oxydation bactérienne simultanées, phénomènes qui ont été désignés sous l'appellation globale de "bioadsorption" (P.Mouchet, 1994).

On peut aussi raccourcir le temps de maturation en ensemençant le filtre avec des boues provenant du lavage d'autres filtres, fonctionnent déjà en démanganisation biologique. Dans ce cas précis, le temps de l'ensemencement peut être réduit de plus de 50%, par rapport aux filtres non ensemencés (25 jours au lieu de 60 par exemple).

Lavage des filtres:
II est indispensable de laver les filtres :

Le filtre sera lavé soit lorsque la perte de charge atteint la valeur limite préfixée, soit après une durée maximale de 2 à 3 semaines si l'évolution de la perte de charge est très lente : ceci afin d'éviter le développement de bactéries non spécifiques indésirables.
Remise en service d'un filtre après lavage : le retour à une eau filtrée exempte de manganèse est soit immédiat, soit progressif dans le premier quart d'heure qui suit la remise en service ; si la station ne comporte qu'un ou deux filtres, il est donc prudent de prévoir une mise à l'égout des premières eaux filtrées, pendant quelques minutes.

Arrêt de longue durée
:
Un filtre ayant atteint son rendement de démanganisation optimal (donc en régime établi) et maintenu à l'arrêt pendant deux mois, plein d'eau, retrouve une efficacité supérieure à 95% en 5 jours (eau brute <1 mg/l de manganèse).
Cette observation est intéressante car elle montre que, pour des installations dont la production serait très variable et pour lesquelles il faudrait mettre des filtres à l'arrêt, il est possible, par une gestion judicieuse des filtres, de retrouver en quelques jours la production et des performances nominales.



Avantages de la démanganisation biologique.
Les constatations faisant ressortir l'intérêt du procédé sont sensiblement les mêmes que celles qui ont été énoncées à propos de la déferrisation biologique (
lien), en y ajoutant le fait que la démanganisation physico-chimique requiert impérativement un oxydant fort, lequel est évidemment supprimé en mode biologique.
Les principaux points forts sont donc les suivants :


Traitement en conditions non standards.
Les conditions non standards s'appliquent aux eaux dont certains éléments présents entraînent une modification légère du procédé, mais qui peuvent cependant être traitées par un système biologique. Ce cas est celui ou la présence de fer et /ou d'hydrogène sulfuré (H
2S) de teneur importante est soupçonnée.
Chaque cas devrait être étudié spécifiquement

CAS DES EAUX CONTENANT SIMULTANEMENT DU FER ET DU MANGANESE.

Lorsqu'une eau contient simultanément du fer et du manganèse, on se heurte à l'obligation d'observer des conditions de potentiel Redox et de rH différentes pour l'oxydation de ces deux éléments par voie biologique, (revoir
lien). En outre, l'élimination du manganèse ne commencera que lorsque celle du fer sera terminée. Dans de très rares cas, on peut observer leur élimination simultanée dans le même filtre, mais au prix d'une vitesse limitée.
Cette solution ne peut être adoptée qu'après une longue campagne d'essais sur station-pilote ; elle présente en outre la sécurité d'une filtration sur CAG en aval. Dans les autres cas, on peut adopter le schéma suivant, basé sur 2 étages successifs de filtration :


CAS DES EAUX CONTENANT DE L'AMMONIUM.

En déferrisation et/ou démanganisation biologique, l'ion ammonium ne pourra être éliminé que :

Rappelons les critères de potabilité relatifs à l'ion ammonium [NH4] et à sa forme transitoire dans le cours de la nitrification, c'est-à-dire l'ion nitrite [NO2] - (revoir lien) - :

Ammonium (mg/l NH4+)
Nitrites (mg/l NO2-)

Directives CEE :
niveau guide et CMA

0,05 / 0,5
0,1 / 0,1

Normes Française

0,5
0,1

La nitrification simultanée sera toujours très limitée au cours des traitements de déferrisation et/ou démanganisation biologique, pour diverses raisons :

En outre, dans les cas de déferrisation biologique, la faible teneur en O2 dissous constitue un facteur limitant supplémentaire.
De plus, se pose le problème de l'interférence entre les diverses transformations métaboliques du fer, du manganèse et des formes réduites de l'azote. Pour le comprendre, il faut revenir aux diagrammes de stabilité.

L'examen de la figure suivante permet de comprendre aisément que si une eau brute contient les 3 éléments à l'état réduit (Fe2+, Mn2+ et NH4+) et a un point représentatif qui se trouve de ce fait,
au-dessous de la droite n° 1, la présence d'ammonium ne gêne pas l'oxydation du fer (P.Mouchet,1994) :

 

En revanche, il faut passer la barre de la droite n° 1 pour atteindre le seuil de la nitrification : mais la réaction de déferrisation biologique est si rapide que, sur un plan purement chimique, rien ne devrait s'opposer à ce que la nitrification démarre dans le même appareil ; en fait, la nitrification simultanée à la déferrisation biologique est pratiquement impossible à cause des vitesses de passage, du faible temps de séjour, des limitations en O2 dissous).
La nitrification biologique ne peut donc en général s'effectuer que dans un stade postérieur à la déferrisation biologique ; en revanche, un retour à la figure nous montre une situation inverse en ce qui concerne le manganèse : il faut franchir les lignes 2 et 3 pour atteindre les lignes 4 ou 5 (suivant le pH), en d'autres termes la démanganisation biologique n'est pas possible si la nitrification n'est pas terminée : la présence d'ion ammonium impose donc. si la concentration en est importante, de dimensionner le traitement sur la base de la nitrification et non de la démanganisation biologique.
Ce qui précède peut être résumé par les figures suivantes, qui illustre l'ordre dans lequel peuvent s'effectuer les éliminations respectives du fer, de l'ammonium et du manganèse lorsqu'une eau brute contient simultanément ces 3 éléments à l'état dissous, et en fonction des teneurs en NH4.
Le traitement peut être alors basé sur une filière à 2 étages de filtration biologique, mais en dimensionnant la deuxième filtration sur les critères de la nitrification ; la démanganisation biologique sera alors réalisée en même temps que la fin de la nitrification.

Cette solution peut convenir jusqu'à une teneur de 0,5 à 2 mg/l NH4, suivant la température de l'eau brute. Avec des concentrations supérieures, on adoptera une solution à 3 étages de filtration biologique :

Durée de mise en service (ensemencement complet) :
Nous avons vu que la démanganisation seule pouvait demander 1.5 à 3 mois avant l'élimination totale du Mn2+, ce qui représente le même ordre de grandeur que la nitrification. Quant les 2 éléments (NH4 et Mn) sont présents simultanément, il faut donc prévoir 10 à 15 jours supplémentaires pour achèvement de la démanganisation après que la nitrification soit complète, ce qui peut donc représenter un délai total de 2 à 3.5 mois après la mise en service électro-mécanique.

CONCLUSIONS GENERALES
La démanganisation biologique répond aux mêmes critères que la déferrisation biologique, mais s'applique plutôt aux eaux de pH franchement alcalin.
D'une façon générale, l'application de ce procédé suppose que l'eau brute est conforme aux normes de potabilité en ce qui concerne les caractéristiques autres que le fer, l'ammonium et le manganèse dissous ; les paramètres de ces traitements sont tels que les chiffres de turbidité, couleur, matières organiques, etc., seront peu ou pratiquement pas modifiés au cours de ce traitement.
L'application d'un procédé biologique restera souvent d'un coût avantageux.
Chaque fois que c'est possible, on peut envisager les solutions de traitements biologiques et mesurer soigneusement les avantages qu'ils peuvent apporter par rapport à la souplesse et à la sécurité des traitements physico-chimiques. Il faut envisager ce qui se produira en cas d'inhibition de l'activité bactérienne et prévoir, chaque fois que cela est possible, la possibilité d'y suppléer par voie physico-chimique.
La démanganisation biologique, surtout en présence de fer, est toujours assez délicate. Il sera prudent, lors de l'établissement d'un projet, de s'appuyer sur des essais. Toutefois, il faut se souvenir que ces essais seront nécessairement assez longs en raison de la durée d'ensemencement des filtres.
Ainsi il est clairement apparu dans ce chapitre que ces taitements doivent être conçus "à la carte" ; le savoir-faire d'un traiteur d'eau expérimenté est absolument nécessaire pour choisir la meilleure filière en fonction des caractéristiques de l'eau brute (laquelle doit, par ailleurs, avoir fait l'objet d'analyses complètes sur des échantillons représentatifs) et pour fixer les conditions opératoires dans lesquelles le traitement donnera les résultats escomptés.

















Divers.
Arsenic.
Notes sur certaines recherches :
Des chercheurs du laboratoire " Geofluides-Bassins-Eau " (CNRS-Université Montpellier 2) et du Laboratoire de bactériologie et de contrôle microbiologique (Université Montpellier 1) ont découvert dans un site minier abandonné du Gard (site de Carnoulès), dans un ruisseau d'eaux acides (pH 2,5-3,5) de très fortes teneurs en arsenic (100-300 mg/l) et des dépôts bactériens de type stromatolitique extrêmement riches en arsenic (9 à 20 %).
Ces chercheurs ont étudié le développement des colonies bactériennes in situ et in vitro et ont montré que des bactéries du type Thiobacillus et du type Leptothrix étaient responsables de la précipitation en abondance d'arséniate ferrique. L'arsenic qui est un élément hautement toxique sous sa forme soluble (As3+) est ainsi soustrait des eaux et stocké sous une forme relativement stable et moins toxique (As5+) ; en conséquence, les eaux en aval deviennent moins riches en arsenic et sont moins polluées.
Les travaux se sont poursuivis afin de quantifier les flux d'arsenic et leurs variations saisonnières.
Les bactéries chemolithotrophes tirent leur énergie métabolique des électrons libérés au cours des réactions d'oxydo-réduction. Des bactéries comme Thiobacillus ferrooxidans catalysent les réactions d'oxydation des sulfures de fer et sont, par exemple, utilisées industriellement pour récupérer les métaux dans les minerais pauvres (lixiviation bactérienne). L'arsenic contenu dans les sulfures peut être libéré ; selon son état de valence il sera soluble (As3+) ou insoluble (As5+), c'est-à-dire sera un poison libéré dans le milieu ou précipitera sous une forme relativement stable avec le fer ferrique.
Les eaux du ruisseau de Carnoulès sont très acides (pH 2,5-3,5) et riches en métaux (Fe, Zn, Pb) et provoquent une pollution sur plusieurs kilomètres en aval, déjà étudiée en 1970 par Michard et Faucherre. Les chercheurs ont mis en évidence de très fortes concentrations en arsenic (100 à 300 mg/l, soit plus de 2 000 fois la concentration limite admise pour les eaux potables) dans la partie supérieure du ruisseau. A 1,5 km en aval, les eaux acides ne contiennent plus que 0,2 à 4 mg/l d'arsenic car cet élément s'est déposé en chemin. En effet, les sédiments de ce ruisseau acide sont essentiellement composés de fer et d'arsenic ; dans la partie haute du ruisseau, ils contiennent entre 9 et 20 % d'arsenic sous forme de dépôts jaunes d'arséniate ferrique. Ces sédiments montrent des structures de constructions bactériennes qui rappellent les plus anciennes formes de vie apparues sur terre : les stromatolites.
Les recherches se sont alors orientées vers l'étude de ces dépôts. Des formes identifiables par leur morphologie et leur taille comme des bactéries ont été observées au microscope électronique à balayage (MEB). Les chercheurs ont ainsi découvert que des stromatolites bactériens pouvaient se développer dans des eaux acides continentales. Les colonies bactériennes se constituent en quelques jours sur les dépôts de sables à sulfures pour former des tapis bactériens continus. Des analyses semi-quantitatives au MEB ont pu montrer que les bactéries avaient une gaine constituée d'arsenic et de fer ou bien étaient enveloppées et recouvertes de dépôts d'arsenic et de fer.
Dans une seconde étape, les espèces bactériennes présentes dans les eaux acides ont été déterminées au laboratoire par culture sur milieux sélectifs. Les formes les plus abondantes sont du type Thiobacillus (Th. acidophilus, Th. ferrooxidans) et du type Leptothrix. Le rôle des bactéries sur la précipitation des arséniates de fer a été étudié au laboratoire en mesurant la quantité d'arsenic précipitée par les différentes souches bactériennes, à partir de l'arsenic présent sous forme soluble dans l'eau acide de Carnoulès ; ces résultats ont été comparés à ce qui précipite en absence de bactéries (échantillon témoin d'eau stérile).

Cette expérience (poursuivie sur plusieurs semaines), a montré que deux des souches bactériennes permettaient la précipitation de 80 % de l'arsenic, alors que sans bactéries, seulement 25 % de l'arsenic précipitait. Les bactéries favorisent donc l'oxydation de l'arsenic et la précipitation d'arséniate. Le plomb, qui est aussi présent à de fortes concentrations (1,1 à 2 mg/l) dans les eaux acides de Carnoulès, précipite avec l'arsenic (0,25 % Pb dans les sédiments bactériens). Il reste encore à déterminer si les bactéries catalysent seulement les réactions de précipitation chimique (oxydation As3+-As5+), en prélevant un électron au passage, ou si elles utilisent l'arsenic dans leur métabolisme.
En ce qui concerne les problèmes d'environnement, l'action des bactéries est positive : il y a un stockage sur place de la majeure partie de l'arsenic (et du plomb), mais ces dépôts sont fragiles et peuvent être brutalement érodés et entraînés en aval lors des grandes pluies. Ce site remarquable avec son " réacteur " chimique et son écosystème acide constitue un laboratoire naturel pour étudier et quantifier les flux d'arsenic et de métaux et préciser le rôle des bactéries. Les variations saisonnières des flux hydriques et géochimiques du site de Carnoulès ont fait l'objet d'un programme d'étude financé par le Syndicat Intercommunal de Lutte contre la Pollution de l'Amous (SILPA), dans le Gard.
Sources de ces pages : lien


Sulfates, chorures.
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Voir les Traitements spécifiques


Fin des Traitements biologiques
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