En fait, cette classification recouvre celle de la taille des
particules concernées, intuitivement, on saisit que les
particules les plus difficiles à éliminer sont les plus
fines.
A cette notion de dimension, s'ajoutent deux autres encore plus
importantes qui sont celles du rapport surface/volume des
particules colloïdales qui leur confère des
propriétés d'adsorption très prononcées,
et celle de leur charge électrique de surface.
Cette charge peut provenir :
- de la dissociation de groupes ionisables appartenant au colloïde lui-même,
- de l'adsorption d'ions contenus dans la solution,
- d'une substitution isomorphique (remplacement dans un réseau macromoléculaire d'un atome par un autre atome de valence différente) ; c'est le cas général des argiles.
Pour leur étude, les colloïdes sont classés, arbitrairement, en deux groupes principaux ;
L'existence des systèmes colloïdaux dépend de
l'interaction entre deux particules.
Elle met en jeu deux forces contraires :
Déstabilisation des colloïdes
Pour surmonter les forces répulsives, deux
possibilités peuvent être théoriquement
envisagées :
On peut obtenir ceci en :
- augmentant la force ionique du milieu par introduction
d'un électrolyte ,
(ce qui a pour effet la diminution de l'épaisseur de la double-couche) ;- abaissant la barrière de potentiel (dit potentiel Zêta) existant autour du colloïde,
par introduction d'un contre-ion dans la couche liée et adsorption de ce contre-ion sur la surface de la particule.
Dans ces conditions, les particules se rapprochent suffisamment
les unes des autres pour que les forces de Van der Waals deviennent
prédominantes. Le processus qui conduit à ce
résultat est généralement appelé
coagulation.
Cette étape franchie, chaque collision entre particule
provoque un accroissement de leur taille par agglomération;
c'est la phase de floculation qui conduit à des flocs
dont la taille, de l'ordre du millimètre, permet leur
décantation (rappel : dépôt de particules
au fond d'un récipient, par action de la pesanteur), en un
temps suffisamment court si les conditions hydrauliques s'y
prêtent.
L'action coagulante des électrolytes est donc
déterminée par la valeur de la charge de l'ion qui est
opposé à l'ion colloïdal.
Dans les eaux naturelles, la très grande majorité des
particules colloïdales est chargée négativement.
La floculation de ces particules ne dépend donc, en fait, que
de la charge du cation de l'électrolyte, l'anion ne jouant
qu'un rôle secondaire.
La phase de coagulation est quasi instantanée et elle doit
s'effectuer dans des conditions d'agitation intense pour obtenir
l'homogénéisation du milieu après introduction
de l'électrolyte (ou coagulant et/ou floculant), tandis que la
floculation exige une agitation lente .
Au centre : l'ion colloïdal.
A l'extérieur : les ions libres de charge
électrique équivalente et de signe contraire à
celle de l'ion colloïdal et formant deux couches :
- ions de parois (couche dense de Helmholtz ou couche de Stern) indissolubles de l'ion colloïdal qui présentent une charge toujours inférieure à celle de l'ion colloïdal (le niveau énergétique à cette distance est caractérisé par le potentiel Zêta),- ions complémentaires (couche de Gouy-Chapman) formant une couche diffuse à une plus grande distance de l'ion colloïdal, en équilibre avec le solvant, présentant un appauvrissement progressif en ions de signe contraire à celui de l'ion colloïdal , accompagné d'un enrichissement correspondant en ions de l'autre signe.
Nature des réactifs coagulants
Théoriquement, n'importe quel type d'électrolyte
peut être utilisé pour obtenir la
coagulation/floculation d'un colloïde . Cependant, il est
reconnu, depuis de nombreuses années, que l'efficacité
d'un coagulant augmente considérablement avec le nombre
d'oxydation (valence) du cation de
l'électrolyte.
C'est pourquoi les sels d'aluminium et de fer ferrique qui renferment
des cations de nombre d'oxydation 3+ sont presque exclusivement
utilisés dans la coagulation/floculation des eaux. Les sels
d'aluminium et de fer présentent outre leur valence
élevée,présentent l'intérêt de
s'hydrolyser dans la gamme de pH habituelle des eaux naturelles, en
donnant un hydroxyde insoluble qui précipite.
On sait cependant, depuis peu, que ce n'est pas l'ion trivalent qui
joue le rôle essentiel, mais les produits d'hydrolyse
intermédiaires qui se forment. Les sels d'aluminium et de fer
conduisent en effet, en solution diluée, aux hydroxo-complexes
suivants :
(1) X+++ + OH- << >> X (OH)++(2) X (OH)++ + OH- << >> X (OH)+2
(3) X (OH)+2 + OH- << >> X(OH)3
(4) X(OH)3 + OH- << >> X(OH)-4
dans lesquelles OH- = ions hydroxyles, X = Al ou Fe
Bien qu'il s'agisse d'équilibre, ces réactions sont
pratiquement complètes aux pH habituels des eaux, et
irréversibles au moins pour les trois premières.
Ces produits d'hydrolyse ont une très forte tendance
à polymériser pour donner d'abord des
édifices macromoléculaires
(polyhydroxo-complexes)
solubles puis colloïdaux, et enfin des hydroxydes
insolubles.
La proportion relative de chacun de ces complexes dépend des
conditions de milieu (pH, température, concentration).
Il a été démontré qu'il pouvait
être préférable d'utiliser un sel d'aluminium
partiellement neutralisé par de la soude dans des conditions
propres à favoriser la formation de tel ou tel complexe avant
injection dans l'eau. Cette technique est entre autres, à
l'origine de la commercialisation du WAC (Water
Aluminium Chloride) et du PCBA (PolyChlorure
Basique d'Aluminium).
Paramètres influençants la floculation
Il existe un pH de floculation optimum pour un type d'eau et un
floculant donné : ce pH résultera de celui de l'eau
brute, de l'action du coagulant qui consomme des ions OH- et de
l'éventuelle introduction d'un réactif correcteur.
Aux valeurs habituelles de pH rencontrées dans les eaux
naturelles, les ions OH- libres n'existant pas, ils
résulteront de la décomposition des bicarbonates
(HCO3-) par le floculant (et formation de gaz
carbonique CO2) :
réaction à laquelle se superpose celle de l'équilibre du bicarbonate de calcium avec ses produits de dissociation.
L'équation globale type de coagulation peut donc s'écrire :
donc, précipitation d'une hydroxyde métallique X (OH)3 et formation de CO2.
Rappelons que CO2 + H2O <<< >>> H2CO3 (acide carbonique)
L'apparition d'acide carbonique et la diminution
subséquente de l'alcalinité bicarbonatée conduit
à un abaissement du pH du milieu dont l'ampleur dépend
du pouvoir tampon (Alcalinité initiale et Force ionique) et de
la dose de coagulant introduite.
C'est pour cette raison qu'il est essentiel de tenir compte du pH, de
l'alcalinité et de la minéralisation de l'eau brute
pour la définition du procédé de
coagulation/floculation.
Il peut être nécessaire, pour obtenir une floculation
correcte, d'ajuster le pH de l'eau en y ajoutant soit un acide, soit
une base (soude, chaux, carbonate de sodium).
D'autres facteurs généraux interviennent dans la
coagulation-floculation, ce sont les suivants:
Principaux réactifs
coagulants.
(cliquer sur le nom pour + de
renseignements)
Sulfate d'aluminium :
La gamme de pH d'utilisation est de 5,7 à 7,2 (Optimum 6)
Sa formule générale est :
Al2(SO4)3, n H2O
(Produit commercial n = 14, produit pur n =18)
II est disponible :
sous différentes formes solides (selon les fabricants),
Chlorure ferrique :
La gamme de pH d'utilisation est de 5,5 à 8,5 (Optimum 8).
Sa formule à l'état pur est FeCl3.
Pour le traitement des eaux, il est uniquement utilisé sous
forme de solution aqueuse d'environ 592 g/l
(41 % en FeCl3, en poids).
Il est stocké en bonbonnes, en containers ou citernes.
WAC (PAC
ou polyaluminium
chloride) :
C'est un polychlorure d'aluminium basique dont la formule brute
serait : Aln (OH)m Cl3n-m
dans laquelle m/3n est compris entre 0,45 et 0,60.
Il se présente sous forme d'un liquide dont la teneur en
A1203 est d'environ 10%.
La gamme de pH d'utilisation est de 6 à 7,5 (optimum 6,5).
Il est stocké en citernes.
Autre polyhydroxychlorosulfate d'aluminium
(polyaluminium chloride hydroxide sulfate) :
Aqualenc.
On peut citer également l'aluminate de sodium seul ou
conjointement avec le sulfate d'alumine ou le chlorure ferrique, le
sulfate ferrique, le sulfate ferreux.
>> liens vers docs./bulletins officiels : Circulaire
DG 5/VS 4 n° 2000-166 du 28 mars 2000 relative aux produits
de procédés de traitement des eaux destinées
à la consommation humaine.
Choix des réactifs et détermination des taux de
traitement.
Choix du coagulant :
Un certain nombre de paramètres doivent être pris en
compte :
Détermination du taux optimum :
La coagulation et la floculation sont des phénomènes
complexes, influencés par de nombreux paramètres :
aussi la méthode la plus sûre et la plus rationnelle,
pour déterminer dans chaque cas la nature et quantité
de réactif à utiliser, s'appuiera sur
l'expérimentation.
La méthode qui reproduit à petite échelle
l'ensemble du processus de coagulation-floculation est celle dite du
JAR-TEST, utilisé en laboratoire.
Dans cette recherche du meilleur résultat possible (qui doit
également tenir compte des considérations
économiques), l'expérience de l'homme doit être
secondée par l'essai de floculation en laboratoire (JAR-TEST),
et éventuellement par la mise en oeuvre d'un pilote de
traitement qui sont des auxiliaires précieux.
Pilotage du traitement de coagulation/floculation
Automatisation du pH :
L'expérience montre qu'un pH optimum de
coagulation-floculation qui devrait être recherché, pour
un taux de coagulant donné, et celui qui permet d'obtenir les
meilleurs rendements d'élimination de certaines
caractéristiques de l'eau brute : les matières
organiques par exemple, sont beaucoup mieux éliminées
lorsque la coagulation se produit à pH "acide",
c'est-à-dire vers 5 - 5,5.
Ainsi donc, il peut être intéressant de mettre en oeuvre
une régulation du pH de l'eau, dans la phase de
floculation complète (agitation rapide + lente), les
réactifs permettant cette régulation peuvent être
un acide (acide sulfurique, gaz carbonique) ou une base (chaux,
soude, carbonate de sodium).
A noter que lorsque l'eau brute présente des variations
importantes de TAC et de pH (variations de l'équilibre
calco-carbonique), ainsi que de turbidité, il très
difficile (voir impossible) de pratiquer manuellement les
réglages nécessaires à l'obtention du pH
désiré, seul un système automatique peut y
parvenir : boucle de mesure pH + régulateur
électronique P.I.D.
Automatisation du taux de coagulant :
L'intérêt est évident : être au taux
optimum de floculation quelles que soient les variations de
qualité des eaux à floculer et en particulier lorsque
ces variations peuvent être rapides et importantes.
En réalité, la mise en oeuvre d'un système
automatique permet :
En l'état actuel, aucun système ne peut, à priori, être installé dans une usine de traitement, sans une étude préalable, avec :
- qualité d'eaux brutes et ses variations,
- meilleur réactif coagulant à utiliser et taux de traitement,
- durées des phases de coagulation/floculation,
- énergies mises en place.
Différentes méthodes peuvent être utilisables :
Ces systèmes reposent sur l'établissement d'une "loi de floculation", en fait un algorithme de calcul, établie à partir d'expérimentation. Ceci demande, pour une eau donnée, de nombreux essais en JAR-TESTS, sur les différentes qualité d'eaux, en simulent les durées réelles de floculation et donc, en mesurant plusieurs paramètres des eaux (pH, turbidité, UV, conductivité, etc...).
>>> Video
sur la coagulation-floculation.
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