ERIKA

1 - Circonstances du drame.
> 11 décembre 1999, 14 h : le bateau Erika signale une gîte anormale en pleine tempête, alors qu'il fait route vers le port de Donges (près de St Nazaire).
> 12 décembre :
-6 h, appel de détresse de l'Erika. Il se trouve alors à 37 km au sud de Penmarch (Finistère sud),
-8 h, le navire se brise en 2 morceaux,
-18 h, déclenchement du plan Polmar Mer.

> 13 décembre : les deux parties de navire coulent à 25 km l'une de l'autre...
> 15 décembre : 3 nappes de pétroles sont identifiées, mais dans la tempête le pompage est difficile !
> 25 décembre : à cause de la tempête d'ouest, les premières nappes de pollution touchent les cotes près de Lorient (Morbihan).

2 - Les dégâts.

3 - Secteurs économiques touchés par la catastrophe écologique.
- Pêches, paludiers (marais salants), producteurs de fruits de mer,
- Tourisme (commerce, hôtellerie, sites de plein air divers, etc.),
- Communautaires (préjudices économiques, écologiques ou d'image).

4 - Coût.

5 - Responsables principaux.

6 - Procès.
- Ouverture du procès le 12 février 2007,
- Durée prévue : jusqu'au 13 juin,
- 15 "prévenus" (dont 4 personnes morales et 11 personnes physiques),
- 74 "parties civiles" (sous réserve de désistements ou d'ajouts),
- 92 avocats : 52 pour les prévenus et 40 pour les parties civiles,
- 31 témoins : 10 pour les parties civiles, 21 pour les prévenus.

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Notes :
Pourquoi l'Erika s'est cassé en deux ? :
La corrosion importante des parties métalliques de ce bateau (pourtant certifié conforme par RINA), fait que, le 11 décembre, une cloison mitoyenne entre une citerne (centrale 3) laisse passer sa cargaison dans le ballast tribord 2...d'ou un déséquilibre important et le bateau qui prend de la gîte.
Pour redresser le navire, le capitaine fait (logiquement) vidanger le ballast tribord 4, mais ces mouvements de poids augmentent les tensions et tordent le pont.
Le 12 décembre des cassures sont constatées sur pont (par l'équipage) au dessus du ballast tribord 2.
Le pont se tord de plus en plus et l'avant du bateau s'enfonce; puis la muraille du ballast (tribord 2) s'ouvre et l'eau de mer y entre massivement.
Sous l'effet des mouvements de l'océan (tempête), les parties avant et arrière plient, le pont faisant charnière, et se cassent, se séparent et finalement coulent.

Contenu de la cargaison : très nocive ou pas ? :
C'est en tous cas ce que soutiennent certains scientifiques de l'INRA de Rennes, de ENSA de Toulouse, et d'associations telles que le Collectif anti-marée noire de Saint Nazaire et l'Association des bénévoles de l'Erika.
Un des experts ayant participé à l’instruction judiciaire a affirmé que l’analyse certifiant le produit de l’Erika se trouve être beaucoup trop sommaire. Elle ne permet pas d’affirmer à 100% qu’il s’agissait bien d’un fioul lourd N°2.
Une ou plusieurs substances (additifs), qui n’entrent pas dans la composition d’un fioul lourd classique, peuvent être présentes dans ce produit. Ces substances étrangères suffiraient à faire de ce fioul lourd n°2, un déchet. Or, elles n’ont jamais été recherchées - hormis une seule, le chlorure -. Pour en savoir plus, il aurait fallu engager un collège d’experts...mais ça coute cher !
Aujourd’hui, des bénévoles et des spécialistes ayant participé aux opérations de dépollution se plaignent de maux divers. A l’époque, aucun suivi sanitaire n’avait été organisé. Récemment, un appel à témoignages du Collectif anti-marée noire de Saint-Nazaire et de l’Association des bénévoles de l’Erika, a permis d’identifier des situations dramatiques. Les inquiétudes de ces bénévoles ont été également relancées par la parution d’une étude de l’ENSA de Toulouse.
Ce laboratoire agronomique a rappelé le caractère cancérogène du produit transporté par l’Erika (les tests ont démontré la présence d'un produit beaucoup plus cancérigène, le Thiofène, un hydrocarbure contenant du soufre), et accusé les autorités d’avoir minimisé les risques :
« La cargaison de l’Erika est un sujet-tabou que la compagnie Total n’a pas envie de voir surgir au milieu des débats. Depuis plusieurs semaines, le géant pétrolier, via ses avocats et conseils, tente de tordre le cou à ces informations. Notre travail consiste à rétablir la vérité. Cette vérité appartient à celui qui l’a cherche, point à celui qui prétend la détenir ».
Ainsi donc, il reste donc à déterminer quel a été l'impact sanitaire sur les milliers de bénévoles qui ont participé au nettoyage des plages. Selon un toxicologue, le thiofène « pénètre facilement dans l'organisme par inhalation ou voir cutanée. Les gens qui ont nettoyé les plages et manipulé les oiseaux n'ont pas été suffisamment avertis qu'il fallait être très vigilant et avoir des protections appropriées...

Verdict du tribunal (mardi 30 mars 2010) :
Plus de 10 ans après ce naufrage, la cour d’appel de Paris a confirmé la responsabilité de l’affréteur TOTAL, qui ne pourra plus se dédouaner de sa responsabilité dans le choix et le contrôle des navires affrétés pour le transport de marchandises dangereuses.
La cour a en effet confirmé que TOTAL avait "commis une faute d'imprudence en relation de causalité avec le naufrage".
Pour Raymond LEOST, responsable du réseau juridique de France Nature Environnement (FNE), « le principe pollueur payeur prend tout son sens dans cette affaire et c’est à cette condition que l’on ne transportera plus de matières dangereuses au moyen de navires poubelles et que l’on assurera la sécurité du milieu marin et la prévention des catastrophes maritimes ».
La cour d’appel de Paris a par ailleurs confirmé l’existence d’un dommage écologique créé par le naufrage de l’ERIKA ainsi que la nécessité de réparer l’atteinte causé au vivant. Il a ainsi condamné les responsables à indemniser plusieurs associations mais également les collectivités territoriales !
Au delà de la reconnaissance du droit des associations à demander réparation de ce préjudice, FNE estime elle aussi que l’Etat français doit se saisir immédiatement de cet enjeu de civilisation déterminant pour le rapport de l’Homme à la Nature car il dispose des moyens pour envisager des opérations de reconstitution du milieu. Comme la cour l'a souligné elle-même, l'homme ne peut être appréhendé isolément de son milieu naturel. Il est impératif de mettre en œuvre très rapidement les engagements du Grenelle de la mer, pris à l’initiative de France Nature Environnement et de ses associations membres qui réclament une évolution du droit national et international en faveur de «la juste réparation des dommages causés à l’environnement marin» pour «tendre vers la disparition ou la réduction drastique de la pollution liée aux activités maritimes».
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Site procès Erika > http://www.affaire-erika.org/


Sources : France 3 - Ouest
Autres sources : l'Écho de la Presqu'île guérandaise et de saint-nazaire. (Le Parc Savary - Route De Brehadour - B.P. 21 - 44350 Guérande).