NOTA :
Du fait de la grande toxicité de ses composés,
l'arsenic a des applications relativement limitées ; il entre
dans la composition de certains alliages de plomb et de cuivre ;
l'arséniure de gallium est utilisé en
électronique, dans la fabrication des semi-conducteurs. Mais
la majorité de la production d'arsenic est utilisée
sous forme d'oxydes et de sels, dont l'arséniate de calcium ou
de plomb, pour leurs propriétés insecticides et
germicides.
A noter que le Bangladesh est le pays le plus touché par les
effets de cet éléments : 200 000 à 270 000
décès par an (2009) dus à des cancers.
Dans les eaux à potabiliser
L'arsenic peut être d'origine naturelle mais lorsqu'il se
trouve à une concentration anormalement élevée,
c'est qu'il résulte d'une contamination engendrée par
les activités humaines : eaux usées, rejets industriels
(en particulier les industries du cuir, des peintures, du verre, de
la céramique), traitements de minerais contenant de l'arsenic,
combustion de charbon et déchets, usage d'engrais,
détergents, pesticides, conservation du bois.
Dans les eaux, l'arsenic se retrouve sous forme prédominante
sous deux valences : + 3 (arsénite) et + 5
(arséniate).
Les espèces dominantes d'arsenic dépendent du pH et du
potentiel redox.
Il existe quatre formes d'arséniates dans l'eau :
En zone aérobie (tableau ci-joint), l'arsenic se trouve essentiellement à la valence + 5 (arséniates). Il est alors lié aux oxydes de fer et de manganèse avec possibilité de redissolution par échange avec les phosphates.
En zone anaérobie sans H2S, on observe
une redissolution du fer et du manganèse avec réduction
de l'arsenic 5 en As 3 (arsénites).
En zone anaérobie et en présence de H2S, il
y a précipitation de As 3 sous forme de sulfures avec ou sans
sulfure de fer.
Rappel : la directive européenne 98/83/CE du 3 novembre 1998
fixe à 10 µg/l la concentration maximale en arsenic
admissible dans les eaux destinées à la consommation
humaine.
Chimie de l'arsenic.
HAsO42- prédomine entre pH 7 et 11.5
(voir figure) indiquant ainsi que c'est la forme la plus commune
qu'on retrouve dans les eaux de surface.
A pH < 7, c'est la forme HAsO4- qui
prédomine. Les constantes d'acidité de
H3AsO4 (pKl = 2.2, pK2 = 7.08 et pK3 = 11.5) et
de H3AsO3 (pKl = 9.22, pK2 = 12.3) montrent que
dans ce domaine des eaux à pH compris entre 6 et 9, les formes
prédominantes pour la valence 5 sont
H2AsO4 et HAsO42- et pour
la valence 3, c'est la forme H3AsO3 qui existe
principalement.
Traitement
de l'arsenic (élimination par
voie physico-chimique).
Les traitements d'élimination de l'arsenic sont
nombreux. On citera notamment :
Au cours de ces pages, je n'aborderais que les traitements 1,3 et 4.
Traitement
par précipitation.
Traitement par coagulation/floculation (sels de fer ou
d'aluminium).
Oxydation de As(III) en As(V) :
La première étape, indispensable, d'un traitement par
coagulation/floculation nécessite une oxydation
préliminaire des arsénites en arséniates,
parce que As (III) est très mal éliminé par les
traitements de coagulation et il importe de l'oxyder au
préalable en As (V).
Les équations d'oxydation sont :
As (III).................As (V)
L'oxydation de As (III) par l'oxygène de l'air étant
très lente, on fait appel à des oxydants chimiques plus
énergiques comme le chlore, le dioxyde de chlore, le
permanganate de potassium et l'ozone.
Coagulation avec les sels de fer ou d'aluminium :
L'adsorption est le mécanisme dominant de
l'élimination de l'arsenic à l'aide de coagulants.
Des modèles physico-chimiques d'adsorption ont
été proposés comme le modèle de
complexation en surface qui permet de prédire les effets
de la qualité de l'eau brute sur l'élimination de
l'arsenic pendant le traitement par coagulation.
L'adsorption se traduit par la formation de complexes de
surface entre l'arséniate As soluble et les sites actifs
des hydroxydes formés Fe(OH)3 et
Al(OH)3.
Par exemple, dans le cas d'une coagulation avec un sel de fer , on
obtient :
où [Fe-OH] représente le site actif en
surface.
Tous les essais publiés s'accordent pour préciser que
l'As (V) s'élimine très bien durant cette étape,
avec cependant une plus grande efficacité lorsqu'un sel de
fer est utilisé.
Le pourcentage d'élimination de l'arsenic est
indépendant de la concentration initiale en arsenic notamment,
dans les limites où cet élément est
observé dans l'eau potable.
sels de fer:
Sels de fer.
Dans une gamme de pH optimale (pH 6 à 8), l'As(V) est
éliminé à plus de 95 % alors que l'As(III) n'est
éliminé qu'à 50-60 %.
C'est le chlorure ferrique FeCl3 qui est le plus efficace
(95 %) alors que le sulfate ferrique
Fe2(SO4)3 conduit à des
résultats de l'ordre de 80-85 %. Par contre, le sulfate
ferreux FeSO4 conduit à des rendements bien plus
faibles, de l'ordre de 25 % (voir ci-dessous).
Les conditions optimales d'élimination de As(V) avec
FeCl3 dépendent :
Pour une dose donnée de coagulant, le % d'élimination de As augmente avec la concentration initiale.
EXEMPLES :
(en As V, µg/l) |
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Le rendement d'élimination de l'arsenic est d'autant plus élevé que l'oxydation de As(III) en As(V) est complète. Le tableau ci-dessous montre l'influence des doses de dioxyde de chlore ClO2 sur le rendement d'élimination (pH : 7.8-7.9).
(As III, µg/l) |
(mg/l) |
(mg/l) |
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> lien vers Veolia-Eau / Veolia Eau Solutions &
Technologies (OTV) - Filtraflo
As : adsorption sur hydroxyde de fer en grains.
Sels d'Aluminium
Les rendements obtenus sont nettement plus faibles qu'avec les sels
de fer.
As(V) est éliminé entre 60 et 80 % alors que As(III) ne
dépasse pas les 10 % d'élimination (voir figure
ci-dessous).
L'élimination de As augmente avec la quantité de
coagulant mais reste inférieure à celle obtenue avec
les sels de fer même pour des doses nettement plus
élevées.
On observe qu'aux pH bas, l'augmentation de l'élimination de
As s'explique par les fortes concentrations en Al(OH)3
(augmentation du nombre des sites actifs).
EXEMPLES d'ESSAIS COMPARATIFS :
Influence du pH sur l'élimination de AS (V)
[dose de coagulant : 30 mg/l, (As)o :50
µg/l)]
Ainsi donc, avec le sulfate d'alumine, le pH optimum de
coagulation se situe vers 6,2 - 6,3.
Comme pour le fer, l'élimination maximale de l'arsenic
correspond à la meilleure élimination des
matières organiques
Mais la conclusion de ces essais en Jar tests est qu'elle montre bien
que le chlorure ferrique est le réactif le plus efficace quant
à l'élimination de l'arsenic (V) présent dans
les eaux à traiter.
Plus de 95 % d'élimination de As (V) peut être ainsi
obtenu avec une dose de 5 mg/l de FeCl3 et sans rectification
initiale de pH.
Par contre l'utilisation du sulfate d'alumine n'est efficace
qu'après ajustement du pH (6,2 - 6,3). Ceci
nécessiterait alors un poste d'acidification en tête et
un poste de neutralisation en aval.
Exemple
d'installation..................................................................................................................................................................
Usine d'eau potable de Baudricourt
(Vosges88) :
La station de pompage de Baudricourt extrait de l'eau dans une
nappe située à -460 m. Ce pompage est
réalisé au moyen d'une pompe placée dans un
puits artésien à -90m.
Suite à une campagne d'analyses effectuée sur l'eau du
forage, et faisant apparaître des concentrations en As (voir
figure ci-dessous) souvent au-dessus des normes, la Direction
Départementale de l'Agriculture et des Forêts avait
lancé un appel d'offres sur performance pour le traitement de
l'arsenic.
La société OTV a été retenue en 1996 pour
la construction de l'usine d'eau potable de Baudricourt. La Compagnie
Générale des Eaux (Veolia Eau -
Centre Régional Alsace Lorraine) a
participé à la campagne d'analyses et aux premiers
essais d'élimination de l'arsenic. Cette station qui traite
100 m3/h (20h/24h) d'une eau de forage ayant les
caractéristiques suivantes :
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Le principe de la filière de traitement est le suivant :
L'eau traitée est finalement désinfectée par injection de dioxyde de chlore puis admise dans une bâche de rétention.
Les boues récupérées lors du lavage
des 2 filtres à sable sont envoyées vers
unépaississeur puis déshydratées
à l'aide d'un filtre-presse.
La production moyenne de boues était de l'ordre de 15 - 20
kg/jour.
La garantie de qualité de l'eau traitée
s'appuyait sur une conformité vis à vis de la norme
(décrets n° 89-3 du 3.01.89, n° 90.330 du 10.04.96,
n°91.257 du 7.03.91) fixant une concentration en arsenic de 50
µg/l (1996).
De plus, un rendement de 95 % était recherché
même si la concentration en arsenic dans l'eau brute
s'élevait à 1000 µg/l.
Les résultats obtenus depuis la mise en route de l'usine
(figure) montrent que la concentration en As dans l'eau
traitée se situe entre 2-4 µg/l. Elle était donc
bien en dessous des normes européennes actuelles relatives
à l'arsenic (10 µg/l).
Par ailleurs, on observe comme l'illustre la figure suivante, que la concentration en fer dans l'eau traitée varie entre 40 et 50 µg/l. La norme de l'eau potable étant de 200 µg/l. Ceci montre bien que la quasi totalité du fer est précipité sous forme de Fe(OH)3 et qu'il existe très peu de résiduel dans l'eau traitée. Ce résultat, attendu en raison de la bonne zone du pH de travail, a été confirmé lors du fonctionnement de l'usine.
Conclusion :
Pour cette première réalisation mondiale de traitement
direct de l'arsenic présent dans une eau de forage, il a
été montré qu'avec une technique simple et bien
maîtrisée comme la l'oxydation/coagulation-floculation,
il est possible d'éliminer l'arsenic à l'aide de
chlorure ferrique.
Voir éventuellement un article sur ce sujet dans L'eau,
l'industrie, les nuissances, 1997, - N°205
, pp. 54-58.
> télécharger l'article
- fichier pdf (452 ko)
........................................................................................................................................................................................................
Traitement par coprécipitation lors d'une
décarbonatation à la chaux
(adoucissement).
L'efficacité de ce traitement avec Ca[OH]2
est lié au pH et à la présence ou à
l'absence de chlore (Cl2) pour
oxyder As.
Avec l'utilisation de chlore, le taux d'élimination de
l'arsenic est plus élevé (voir figure
ci-dessous). Les plages de pH qui permettent les rendements
d'élimination les plus élevés se situent de pH 9
à 11 (optimum : pH => 10,5).
Probléme : le pH élevé indispensable à
ce traitement, et donc obtenu sur l'eau traité n'est pas
compatible avec une eau à distribuer : une acidification
serait nécessaire dans ce cas.
Traitement
par techniques
membranaires.
Les techniques de Nanofiltration (Nano), d'Hyperfiltration
et d'Osmose Inverse (OI), permettent d'éliminer avec
efficacité l'arsenic de l'eau.
A noter que Nano et l'OI enlèvent de l'eau d'autres ions et
particulèrement Ca et Mg (adoucissement) et anions divalents
tels que les sulfates SO4.
Par ailleurs, il faut se rappeler que l'OI nécessite
des pressions d'utilisation assez élevées,
supérieures à celles de la
nanofiltration.
(voir ce lien interne sur les Membranes).
Fluor
(défluoration).
Formule : F- - Masse molaire :
18,9984 g/mol
Généralités.
Le Fluor, nombre de 9 de la classification périodique des
éléments, de masse atomique 18,988
(base C 12) occupe la 13ème place dans
l'ordre d'abondance des éléments constituants
l'écorce terrestre (12ème dans les océans), il
se trouve donc naturellement à l'état de traces dans
notre environnement.
Cependant, les activités industrielles et agricoles de l'homme
favorise la concentration du fluor dans l'eau, les aliments et
l'atmosphère. On sait que si l'absorption de petites
quantités de fluor a un effet bénéfique en
diminuant la sensibilité de la dentition des enfants à
la carie, un excès d'apport de cet ion provoquecertains
troubles englobés sous la dénomination
générique de "FLUOROSES". Ces troubles se traduisent
par une altération irréversible des tissus
calcifiés, pouvant se compliquer de manifestations
neuropathologiques.
Dans certaines régions du globe où la teneur en fluor
des eaux de boissons est particulièrement élevée
(Inde, Afrique du Nord), les Fluoroses peuvent prendre un
caractère endémique se traduisant par l'apparition de
marbrures sur l'émail des dents, maladie dite de
"l'émail tachetée" appelée Darmouss en
Afrique du Nord. A ce stade plus avancé, on note l'apparition
d'ostéoscléroses et d'ostéo-phytoses pouvant
entraîner une ankylose partiellement invalidante.
Il semble établi que les quantités de fluor
fixées dans l'organisme humain dépendent beaucoup plus
de la teneur en cet ion de l'eau de boisson, que celle de
l'alimentation. Selon ZIPKIN la teneur des os en ion F-
serait proportionnelle et, environ égale à 10 % de la
teneur présente dans l'eau ingérée.
Pour ces raisons, la législation française fixe
à 1,5 mg/l la teneur maximum en fluor des eaux de
distribution. Avec cependant, pour certains cas des mesures
dérogatoires.
Répartition des eaux hyperfluorées.
Le fluor n'existe pas à l'état libre mais sous
forme de fluorures en association avec d'autres
éléments (fluorure de calcium, d'aluminium, de sodium
...). Les fluorures sont présents naturellement dans l'eau
à des teneurs généralement inférieures
à 1 mg/l dans les eaux superficielles et qui peuvent atteindre
parfois 10 mg/l voire exceptionnellement 100 mg/l dans des eaux
profondes.
Un très grand nombre d'auteurs ont déterminés
les concentrations limites en fluor des eaux distribuées dans
différents pays.
Selon ces sources, la France avec une teneur maximale
enregistrée de 7 mg/l (CHARONNAT et ROCHE,1934) se placerait
au 13ème rang mondial avec l'URSS, et au 4ème rang
européen presque à égalité avec l'Italie,
mais loin derrière le Portugal (22 mg/l) et la
Tchécoslovaquie (28 mg/l).
Le record absolu semble être détenu par le KENYA,
où une eau présentant une teneur de fluor
de 2,8 g/l a été répertoriée. Notons que
nous ne possédons pas de chiffres relatifs à l'Afrique
du Nord, région possédant de nombreux gisements
d'Apatite riches en fluor. Signalons que la dose létale pour
l'homme serait d'environ 2,5 à 5 g d'ions F-
adsorbés en une seule fois.
La teneur en fluor dépend beaucoup du temps de contact de
leau avec les minéraux fluorés de
laquifère. Elle est plus élevée dans les
nappes captives. Dans la nappe de la craie, lion F-
est fourni principalement par les minéraux phosphatés
(apathites).
Données sur certaines nappes captives :
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(nature) |
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(moyenne, mg/l) |
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calcaire et marnes |
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sables de l'Albien |
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Données sur certaines nappes libres :
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(nature) |
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(moyenne, mg/l) |
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Le problème du fluor ne se rencontre que dans 4 départements : la Seine-et-Marne, l'Indre-et-Loire, le Loir-et-Cher et surtout la Gironde. Les cas les plus graves, encore observés en Gironde en 1993 et 1994, avec des maxima atteignant plus de 4000 µg/l, ont été résolus en 1995.
Pour 1995 seuls trois départements restaient concernés:
Les données relatives aux teneurs en fluor et à leur
évolution sont très dispersées et souvent
anciennes. Il semble qu'en France un nombre de plus en plus grand
d'analyses fasse état d'excès de fluor dans les eaux
naturelles.
Il est impossible de se prononcer pour savoir s'il s'agit d'une
pollution (notre pays extrait près de 20 % de la production
européenne, URSS compris, de fluorine CaF2 ou du
fait que la mise au point de très bonnes électrodes
spécifiques permet un dosage facile de cet
élément, alors qu'il était très malaise
il y a. peu d'années encore. Cette facilité permet une
recherche du fluor beaucoup plus systématique que par le
passé.
Quoiqu'il en soit, si l'origine exogène du fluor peut
être affirmée lorsqu'il s'agit d'eaux superficielles
telles que l'on en rencontre dans le Nord de la France, les teneurs
élevées, relevées dans certaines nappes du
Bordelais, de la Charente ou du Nord-Est semblent bien le fait de la
nature géologique de l'aquifère.
Types de procédé de
traitement d'élimination des fluorures.
Les techniques d'élimination du fluor, dans les eaux
destinées à l'alimentation humaine, sont assez
nombreuses, mais à la fois mal connues et peu
appliquées en raison de leur coût d'exploitation
élevé. A notre connaissance il n'existe que quelques
installations de défluoration des eaux potables aux USA et une
unité récente (2008) en France (voir plus loin).
Des études ont été effectuées, soit en
laboratoire, soit sur site, qui ont permis d'éliminer un
certain nombre de procédé, en particulier ceux faisant
appel à la floculation-décantation car bien souvent en
France, la défluoruration est applicable aux eaux profondes
qui ne nécessitent pas de clarification. Seules les techniques
mettant en oeuvre soit une précipitation, soit une percolation
sur matériau adsorbant ont été retenu.
Traitement par précipitation.
La technique habituelle pour éliminer le fluor
consiste à le précipiter sous forme de fluorure de
calcium CaF2.
La source de calcium habituellement employée est la chaux
Ca(OH)2 , mais peut être également un
mélange chaux / chlorure de calcium ou encore le chlorure de
calcium CaCl2 utilisé seul.
2 F- + CaCl2 >>> CaF2 + 2 Cl-
Le traitement à la chaux semble être, d'après
de nombreux auteurs, le seul traitement économique pour la
réduction de fortes teneurs en fluor. Pour être
efficace, il nécessite généralement un
ajustement du pH par addition simultanée d'acide.
Les quantités de chaux ou de CaCl2 ajoutée
est pratiquement le double de la dose stoéchiométrique.
D'après certains résultats, il apparaît que
l'acide chlorhydrique se révèle
légèrement plus efficace que l'acide sulfurique, le pH
optimum étant par ailleurs voisin de 8.
En fait cette méthode ne permet pas (ou difficilement)
d'atteindre des teneurs correctes (< 1 mg/l) dans les eaux
traitées, et, est surtout utilisée en traitement d'eaux
industrielles.
Notes : le fluorure de calcium (fluorite ou spath fluor) existe
à létat naturel. Les minerais tout venant ont, en
France, une teneur de lordre de 50 % en CaF2.
Après concentration du minerai, on distingue deux types de
produits :
Traitement par adsorption sur
matériaux.
Des différentes techniques
expérimentées, seules les traitements mettant en oeuvre
une percolation sur un lit d'un produit
adsorbant, permettaient la rétention du fluor avec une
efficacité réelle. Il n'a pas été pris en
compte ni l'échange d'ion sur résine
synthétique, ni les techniques du type osmose inverse dont les
résultats vont bien au delà de la simple
dëfluoration.
Efficacité des matériaux :
Les capacité de fixation du fluor de différents
matériaux étaient les suivantes :
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Apatite (phosphate tricalcique naturel) |
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(selon granularité & conditions opératoires) |
Adsorption sur alumine activée.
Ladsorption sur alumine activée est une
méthode approuvée pour la production deau
destinée à la consommation humaine, selon la circulaire
DG5/VS4 n°2000-166 du 28 mars 2000.
La technique d'adsorption
sur un lit d'alumine activée est surtout beaucoup
utilisé aux USA. De nombreux essais ont eu lieu en France,
mais à ma connaissance il n'y a pas de réalisation
industrielle, à ce jour (2002) dans notre pays.
Caractéristiques de l'alumine activée
:
L'alumine hydratée Al2O3 ,
3H2O - fabriquée en France par le
procédé Bayer (attaque de la bauxite par la soude), se
présente sous la forme d'hydragillite (trihydrate
d'alumine qui, calcinée vers 1200°C, fournit l'alumine
alpha Al2O3 matières premières de
la fabrication de l'aluminium.
Au cours de la calcination,l'alumine passe par différentes
formes cristallines, et jusqu'à 500°C, on obtient suivant
la température finale et la manière dont on a
mené la calcination, des variétés que l'on
appelle les Alumines activées.
En fait, au cours de la calcination, une fraction de l'alumine
hydratée est convertie en boehmite inactive, la majeure
partie se transformant en alumine de transition.
La composition de cette alumine activée est en
général la suivante :
Les impuretés ne sont présentes qu'à
l'état de traces, principalement Na2O, Fe, Si et
à moindre valeur Ti, P et V.
La plupart des matériaux et des produits chimiques sont
pratiquement inactifs sur les alumines activées. En
particulier le contact de l'eau ne provoque pas la destruction du
granulé, ni par éclatement, ni pas délitage. A
noter cependant que les impuretés telles que les
poussières, les brouillards d'huiles etc, leur sont
nuisibles.
Propriétés (d'ordre général)
:
A noter que les ions bicarbonates HCO3-
présentant plus d'affinité sont gênants, d'ou
l'avantage de l'acidification en tête.
Paramètres de fonctionnement.
(paramètres influant sur la capacité de
fixation)
Notes : cette propriété peut s'expliquer par la
compétition des ions HCO3- avec les ions
F- sur les sites d'adsorption.
La figure suivante donne un exemple du % d'élimination des
ions F- en fonction du pH, pour le traitement d'une
même eau brute (F initial = 5 mg/l, TAC initial= 15°F)
dont le pH avait été ajusté à l'acide
sulfurique : dans les conditions de cet essai, on observait une
augmentation de capacité voisine de 50 % entre un traitement
à pH = 7 et un traitement à pH = 6.
----------------------------
Le rejet de l'éluat de
régénération doit être
étudié en fonction des conditions locales, pour chaque
site ou la défluoruration est envisagée.
Précisions sur les régénérations
acide, basique et aluminée.
1 - Régénération acide:
Nos essais de ce mode de régénération ont mis en
évidence les points suivants :
2 - Régénération à la
soude:
Un rapport technique de l'EPA de 1978 [22] propose une
régénération à la soude en 2 stades
(contre-courant et co-courant avec un rinçage à l'eau
intermédiaire) suivie d'une neutralisation progressive du lit
filtrant par de l'eau brute acidifiée à l'acide
sulfurique.
Notre expérience de ce mode de
régénération :
3 - Régénération avec des sels
aluminés :
3.1 - Régénération par le sulfate
d'alumine:
De nombreux essais ont montré cette possibilité
d'une régénération de l'alumine activée
par le sulfate d'alumine :
3.2 - Régénération par l'aluminate de
soude :
Il a été montré la possibilité d'une
régénération de l'alumine activée par
l'aluminate de soude
( NaAlO2), qui peut être effectuée dans les conditions
suivantes :
Comparaison de 4 modes de
régénération.
Le tableau suivant résume des capacités moyennes
obtenues après plusieurs cycles d'épuisement, ainsi que
la consommation de réactifs envisageable pour chaque type de
régénération.
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Bien que plus compliquées à mettre en oeuvre, les
régénérations acide et basique s'avèrent,
en moyenne, plus efficaces et moins coûteuses que les 2 autres
modes de régénération.
La régénération au sulfate d'alumine, si elle
conduit à une capacité de fixation acceptable, a
toujours donné lieu dans nos conditions d'essais à un
relargage d'aluminium dans l'eau traitée, au moins en
début de cycle, ce qui limite son intérêt.
La régénération à l'aluminate de soude,
si elle est techniquement possible, n'est pas compétitive sur
le plan économique.
Remarques sur l'acidification préalable : la
plupart des auteurs US préconisent systématiquement une
acidification de l'eau à traiter à un pH de l'ordre de
5,5 pour tout traitement de défluoruration sur alumine
activée ; mais lorsque de telles prescriptions sont suivies
d'un calcul de coût d'exploitation, il apparaît en
général que tous les éléments ne sont pas
pris en considération :
Il apparaît donc que la plupart des auteurs omettent de
replacer l'acte unitaire de traitement que représente la
défluoruration dans l'ensemble intégré
[traitement + distribution] et par suite de considérer
les traitements complémentaires qu'impliquent des conditions
de travail en défluoruration trop éloignées des
caractéristiques naturelles de l'eau.
A cela s'ajoutent la difficulté d'acidifier les eaux
très minéralisées et l'augmentation de la teneur
en sels d'acides forts qui en résulte (incidences sur les
corrosions, les normes ce potabilité, etc.).
Toutes ces considérations conduisent à conclure qu'il
sera quelquefois préférable de travailler à pH
6.5/7 plutôt que 5.5 dans un traitement par filtration sur
alumine activée.
Notes : Projet de règlement de la Commission du
énonçant les conditions d'utilisation de l'alumine
activée pour l'élimination des fluorures dans les eaux
minérales naturelles et les eaux de source > texte
e4892 (2009-2010, pdf, 50 ko).
>>> Unité de traitement de la commune de La
Rochefoucauld (Charente) - Traitement du fluor : 100 m3/h, 1200
m3/jour, traitement du fluor de 50 m3/h sur alumine
activée.
> lien (format PDF) de la plaquette distribuée, relative au fonctionnement de la nouvelle station de traitement du fluor.
Chrome.
Formule : Cr - Masse molaire : 51,9961
g/mol
Généralités.
Le chrome existe sous plusieurs valences de -2 à 6, mais
c'est surtout sous l'état trivalent Cr3+ ou
hexavalent Cr6+ qu'on le trouve dans la nature. Le chrome
trivalent est l'état le plus répandu :
la plupart des sols et des roches contiennent de petites
quantités d'oxyde chromique (Cr2O3).
Le chrome hexavalent est rare, et les chromates
(CrO42-) et les bichromates
(Cr2O72-) qui sont observés
dans l'environnement proviennent généralement de rejets
industriels ou domestiques. Le chrome est présent dans les
sols à des concentrations variant entre 10 et 125 mg/kg et
l'on en trouve à l'état de traces dans la plupart des
tissus végétaux et animaux.
Le chrome est très utilisé dans l'industrie. Dans le
secteur métallurgique, les composés du chrome
hexavalent servent à la fabrication de chrome
métallique et d'alliages, ainsi qu'au chromage; dans
l'industrie chimique, on les utilise comme oxydants et pour la
fabrication d'autres composés de chrome. L'emploi des sels de
chrome trivalent est moins généralisée ces
substances étant employées dans la teinture des
textiles, l'industrie de la céramique et du verre, ainsi qu'en
photographie.
La chromite (FeOCr2O3) est le seul minerai
exploité commercialement.
Les eaux à potabiliser
On a fixé la concentration maximale acceptable du chrome
dans l'eau potable à 0,05 mg/l (50 µg/l) en tenant compte
des exigences de la santé publique.
Le chrome à l'état trivalent , que l'on retrouve le
plus fréquemment dans la nature, n'apparaît pas comme un
métal toxique. Cependant, si les eaux brutes en contiennent,
une chloration peut l'oxyder et en faire du chrome hexavalent
Cr6+, auquel on attribue surtout les effets toxiques pour
l'homme. Cependant, à la concentration maximale acceptable
indiquée ci-haut, dans l'eau potable, l'ingestion de chrome
hexavalent n'a eu aucun effet nocif connu sur la santé de
l'homme ou des animaux.
Les sels (chlorure, nitrate et sulfate) de chrome trivalent sont
rapidement solubles dans l'eau, à l'exception de l'hydroxyde
et du carbonate. Parmi les sels communs de chrome hexavalent, seuls
les chromates de sodium, potassium et ammonium ainsi que les
bichromates correspondants sont solubles.
C'est la teneur en chrome total dissous qui est le paramètre
le plus mesuré lors des analyses des eaux superficielles et
souterraines. On tient généralement pour acquis que le
chrome trivalent n'est probablement pas présent dans des eaux
de pH 5 ou plus, en raison de la faible solubilité de l'oxyde
hydraté. Des études ont cependant montré la
présence des chromes trivalent et hexavalent dans les eaux
superficielles. Dans les eaux lacustres naturelles, le Cr(lll) se
transforme très lentement en Cr(Vl).
La présence de chrome peut être dû à des
causes non naturelles :
- à des rejets industriels,
- au traitement des minerais,
- à l'apport d'eaux usées.
Types de traitement d'élimination du
chrome.
A l'heure actuelle, plusieurs solutions peuvent être retenues
pour traiter :
Pour mémoire, citons les techniques par extraction
sélective, les membranes liquides et les Jacinthes d'eau.
Seules la voie chimique sera évoquée dans les pages
suivantes.
Traitement par précipitation chimique.
Il se déroule en deux étapes :
1 - Réduction du Cr6+ à
l'état Cr3+ :
Avec un réactif fortement réducteur, par exemple
le bisulfite de sodium (NaHSO3) ou le sulfate ferreux
(FeSO4), en fait plusieurs réactifs peuvent
être employés pour amener le chrome hexavalent à
l'état trivalent, notamment l'anhydride sulfureux et ses
dérivés (sulfite de sodium).
Réduction du chrome hexavalent par l'anhydride sulfureux et
ses dérivés :
(formes courantes (CrO42-,
Cr2O72- ,
H2CrO4 = acide chromique)
Anhydride sulfureux gazeux >
Sulfite de sodium >
Bisulfite de sodium (hydrogénosulfites) >
On peut également réaliser cette réduction du chrome hexavalent en passant directement par l'acide sulfureux; la réaction est beaucoup plus rapide et se traduit par 1'équation :
De même, la réaction de réduction du chrome hexavalent dans le cas de l'ion Cr2O72- (bichromate) peut s'écrire :
NB : quand la réduction du Cr(Vl) en Cr(lll) est
assurée par le sulfite ou le bisulfite de sodium, il est
nécessaire de maintenir un pH très acide (en
dessous de 2,5), la vitesse de la réaction étant
très dépendante du pH.
Elle est pratiquement instantanée à pH inférieur
à 2,5 et diminue très rapidement au delà de ce
seuil. L'acidité du milieu est assurée en ajoutant avec
les réactifs de réduction un excès d'acide
sulfurique de manière à obtenir un pH inférieur
à 2,5.
Voir ci-après les quantités théoriques de
réactifs à utiliser pour effectuer la réduction
du chrome 6 en chrome 3, mais soulignons qu'en pratique ces
quantités sont souvent insuffisantes et qu'une augmentation
est nécessaire en cours d'utilisation, celle-ci pouvant aller
jusqu'à 100 % de la quantité théorique.
Pour ces raisons (quantités mais surtout pH), les produits
souffrés ne sont pas (à ma connaissance)
employés en traitement des eaux de potabilisation, mais
principalement en déchromatation industrielle.
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2.85 kg/kg d'acide sulfurique ou 2 kg/kg de gaz sulfureux |
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0.74 kg/kg d'acide sulfurique |
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1.2 kg/kg d'acide sulfurique ou 0.8 kg/kg de gaz sulfureux |
Réduction du chrome hexavalent par le sulfate
ferreux :
(peut tout aussi bien se dérouler en milieu acide que basique
ou même neutre).
En milieu acide la réaction peut s'écrire :
en milieu alcalin (utilisation de soude), elle s'écrit :
Quantités théoriques de réactifs à utiliser (par kg de Cr6+ ) :
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5.65 kg d'acide sulfurique |
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3.07 kg de soude |
Le principal avantage de cette méthode est l'emploi d'un
réducteur très bon marché ainsi que la
possibilité de conduire le procédé dans un
milieu de pH indifférent.
Mais il est recommandé d'effectuer la réaction
plutôt en milieu acide ce qui nécessite donc l'addition
simultanée d'acide sulfurique. Toutefois en milieu acide, les
quantités de produits sont bien plus importantes que celles
nécessaires pour la réduction avec le sulfite ou le
bisulfite de sodium comme le montrent les chiffres ci-dessus.
L'avantage représenté par le faible coût du
sulfate ferreux perd un peu de sa valeur en raison des
quantités 5 fois plus importantes de produit à
utiliser.
2 - Précipitation du chrome.
Cet étape consiste donc à précipiter le
chrome réduit (Cr3+) sous forme
d'hydroxydes.
Cette opération se faisant avec un rendement optimal pour des
valeurs de pH entre 7,8 et 8,2.
Pour ces valeurs de pH un certain nombre d'autres
éléments sont précipités, le fer
ferrique, le zinc, le cuivre, les phosphates, les sulfates et
certains complexes, cyanures entre autres, qui peuvent ainsi
être éliminés de l'eau traitée.
Parmi les différentes bases employées pour la
neutralisation, la chaux hydratée Ca[OH]2
et la soude NaOH sont les plus utilisées. La soude caustique
est plus facile à manipuler et à doser, cependant son
emploi est plus coûteux et les boues formées sont plus
légères et de moindre décantabilité.
Avec la chaux par contre, les boues décantent mieux car elles
sont plus compactes.
On utilise parfois pour la neutralisation le carbonate de calcium, le
carbonate de sodium, le carbonate double de calcium et de
magnésium et l'oxyde de magnésium.
Pour obtenir une concentration résiduelle en dessous des
limites de concentration fixées par la réglementation,
l'utilisation de floculants et d'adjuvant durant l'étape de
neutralisation et de coagulation/décantation qui constitue la
phase terminale du traitement de précipitation est souvent
nécessaire.
Les boues résultant de cette opération doivent
être ensuite obligatoirement traitées
(déshydratées avant évacuation en
décharge).
Nota : à ma connaissance, une seule usine de potabilisation
existe en France, traitant spécifiquement le chrome (avec le
sulfate ferreux).
Fin de ce chapitre - Traitements spécifiques (3) |