Généralités.
Les stations pour le traitement des eaux en vue de leurs potabilisation génèrent des sous produits inévitables :

Concentrations des boues produites :
Etape de traitement
(filière potabilisation)
Intervalle de valeurs (g/L)
- indicatives -
Valeur type (g/L)
Décanteur type couloir, non raclé
0.1 à 5
1
Décanteur type couloir raclé
0.2 à 5
4
Vidange de décanteur couloir
0.2 à 40
20
Décanteur circulaire, à floc lesté
0.1à 10
5
Décanteur lamellaire physico-chimique
0.5 à 30
15
Décanteur lamellaire, à floc lesté
0.5 à 20
3
Clariflottateur
25 à 40
30

Purges de saturateurs
10 à 30
20
Eaux de lavages de filtres
0.1 à 0.6
0.2

Ces boues (liquides) contiennent généralement peu de matières dégradables et leur texture est de faible qualité.
En france, la quantité mensuelle de boues d'eau potable produite se situerait autour de 13 000 tonnes de MS (rappel : MS = matières sèches, voir Caractéristiques).
On notera que les volumes de boues amenés par les traitements de potabilisation restent faibles comparés à ceux des usines d'épuration (eaux résiduaires urbaines).
En effet, 30 g de boues sont générés (en moyenne) par m3 d'eau traitée.
Par exemple, une usine de traitement produisant 15 000 m3 d'eau potable par jour (alimentation de 75 000 habitants), rejette une pollution qui équivaut :






Les boues se présentent donc sous forme d’une «soupe» qui subit ensuite des traitements visant en particulier à réduire leur teneur en eau : épaississement, deshydratation avec ajout important de chaux.

Mais, à la différence du traitement des boues d'eaux résiduaires, le dimensionnement d'une installation de traitement de boues d'eau potable est souvent soumis à des incertitudes concernant la variation de la qualité de l'eau brute (phénomènes de crues entrainant des limons et autres matières facilement décantables).

Il est donc difficile de dimensionner l'installation sur une charge d'entrée moyenne.







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Destinations finales.
Compte tenu des faibles volumes produits, leur valorisation ou leur stockage sont beaucoup moins contraignants que ceux des boues d'eaux résiduaires.


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Choix de filières.
Eléments à prendre en compte dans le choix de la filière :

Techniques à appliquer en fonction de la destination finale :


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Caractéristiques des boues

Caractérisation.
Pour connaître le comportement d'une boue avec tel ou tel type de traitement, une caractérisation poussée doit avoir lieu. Pour cela, les paramètres qui doivent être pris en compte sont :
Matières Sèches (MS) : c'est le paramètre généralement mesuré. La concentration en MS permet de connaître la quantité de boue à traiter, quel que soit son niveau de concentration dans la filière de traitement.
La détermination de la teneur en MS s'effectue à l'étuve 105°C ou par infrarouge.
Matières En Suspension (MES) : les MS étant faciles à déterminer sur les phases concentrées, il n'en va pas de même sur des phases clarifiées (surverses, filtrats, centrats...) parce que les concentrations de matières sont beaucoup plus faibles. Dans ce cas, la mesure des MES est plus appropriée. Il convient par ailleurs d'être prudent dans le calcul du rendement de capture qui doit être exprimé, de préférence, en fonction des MES (il est possible de déterminer par l'expérience la relation entre MS et MES).
La détermination de la teneur en MES s'effectue par filtration sur membrane.
Matières Volatiles (MV, en concentration) ou Fraction Volatile (FV, en % de MS) : ce paramètre livre une indication sur le degré de stabilisation de la boue et son aptitude à divers traitements (déshydratation, incinération...). Plus le taux de MV est faible, plus la boue est facile à épaissir ou à déshydrater, mais plus son exothermicité en incinération est faible. On considère généralement que MV = +/- MO (Matière Organique).
Les boues d'eau potable possèdent de faibles MV (<30 % en moyenne).




C.H.O.N.S. (Carbone, Hydrogène, Oxygène, Azote, Soufre) : ce paramètre permet d'estimer les performances d'une étape ultérieure de traitement par voie thermique (incinération) ou biologique (digestion anaérobie avec production de biogaz, surtout valable pour les boues résiduaires urbaines).
PCI (Pouvoir Calorifique Inférieur) : le PCI, (à relier au CH.O.N.S), a une importance primordiale en incinération. Il existe de nombreuses corrélations ou modes de calcul du PCI.
Par exemple, il est possible d'avancer la corrélation suivante, en exprimant le PCI en kWh/ kg de MS par rapport à la fraction volatile : PCI = 0,048 * FV + 1,032.
Eléments-traces métalliques : quelle que soit la destination finale des boues, la connaissance des teneurs en éléments-traces métalliques est primordiale, surtout en cas de valorisation. Les métaux suivants doivent pouvoir être identifiés : Pb, Cr, Cu, Mn, Ni, As, Cd, Hg, et éventuellement (normes allemandes) TI (Thallium).
Indice de Boue (IB) : ce paramètre, à relier indirectement aux MS et MV, dépend du temps de séjour dans un bassin biologique. Sa bonne connaissance est importante pour l'épaississement : plus l'IB est faible, plus la boue est facile à épaissir.
DCO, DBO, PT, NTK : leur connaissance est secondaire sur une chaîne de traitement des boues.
En revanche, il est important de connaître ces valeurs pour différents filtrats, centrats et surverses retournant éventuellement en tête de la file de traitement eau.
Ceux-ci peuvent couramment représenter 5 à 25 % de la charge entrante, selon le type et les performances du traitement des boues.





Graisses : généralement exprimées en MEH (Matières Extractibles à l'Hexane), elles sont intégrées aux MV. Elles sont prises en compte dans toutes les opérations de combustion ou biologiques.

Fibres : les fibres (matières lignocellulosiques carbonées) peuvent réduire la résistance spécifique de la boue et, par conséquent, améliorer sa déshydratabilité.
Elles constituent une partie non négligeable de la fraction non dégradable des MV.

Agents pathogènes : les agents pathogènes (surtout présents dans les eaux résiduaires) sont principalement associés aux MES, et se retrouvent donc en grande majorité dans les boues.
Il s'agit de virus, bactéries et parasites (Protozoaires, Helminthes).
La teneur des boues en agents pathogènes est caractérisée en fonction de la présence des plus résistants d'entre eux, qui sont donc jugés représentatifs du risque à estimer : les Entérovirus (virus), Salmonelles (bactéries) et œufs d'Helminthes viables (parasites).

Nota : les 5 derniers paramètres sont surtout intérressant en traitement de boues résiduaires.



(Quantité de boues produites)




Quantité de boues produites (en potabilisation)
Estimation de la quantité de MES résultant du traitement d'un m3 d'eau "brute" :
(formule empirique)

Q = MS + 0,07H + kD + X +1,58[Mn] + 0,84.R [KMnO4/(Mn)] + 1,91[Fe] + 20(TACeb-TACet)

avec,

 




Estimation de la production de MES à chaque étape du traitement de l'eau (en potabilisation) :
1) sur une filière classique (décantation + filtration), on considérera que 90 à 95% des MES sont récupérés lors de l'étape de décantation, et 5 à 10% lors de la filtration.
En fonction de la dilution des purges, le rapport des volumes entre boue décantée et filtrée varie de 1 à 5.
2) sur un saturateur à chaux (fabrication d'eau de chaux saturée), on estime les MES récupérées à environ 15% de la masse de chaux éteinte introduite.

-------------------

Les boues sont extraites de la file "traitement eau" à trois niveaux :

Le volume de boues extrait est de l'ordre de 2 à 8% du volume d'eau traitée produit.
Nota : les débits volumiques sont normalement quantifiés par un bilan massique effectué sur chaque étape de la filière de traitement.

(Concentrations moyennes des boues)




Concentrations moyennes des boues aux différentes étapes :

Etape
Valeur type (g/l)
Ecarts (g/l)
Purges et vidanges de décanteurs :
-
-
Décanteur couloir non-raclé
1
0,1 à 5
Décanteur couloir raclé
4
0,2 à 5
Vidange de décanteur couloir
20
0,2 à 40
Décanteur circulaire à floc lesté (surverses d'hydrocyclone)
5
0,1 à 10
Décanteur lamellaire
(physico-chimique)
15
0,5 à 30
Décanteur lamellaire à floc lesté
(surverses d'hydrocyclone)
3
0,5 à 20
Clariflottateur
30
25 à 40
Eaux de lavages des filtres
0,2
0,1 à 0,6
Purges des saturateurs
20
10 à 30
(valeurs indicatives)

(Type de boues)




Type de boues :
Afin d'estimer l'aptitude d'une boue à l'épaississement et/ou à la déshydratation, une bonne connaissance de sa qualité est indispensable.
En fait, il existe deux grandes familles de boues d'eau potable :

  • celles issues du traitement des eaux de surface,
  • celles issues du traitement des eaux souterraines (eaux de forages).

Les caractéristiques dépendent donc des eaux traitées ET du traitement appliqué pour les potabiliser.
Classement des principaux types de boue :
Type de boue
Origine
Composition
Boue de clarification
eaux de surface + eaux de forage (boues mixtes)
hydroxydes (Fe+Al) > 60 %
MO > 20 %
Boue de décarbonatation
eaux de surface dures + eaux de forage dures (boues mixtes)
CaCO3 > 85 %
hydroxydes (Fe+Al) < 5 %
MO < 10 %
Boue de déferrisation
eaux de forages
CaCO3 = 20 à 40 %
hydroxydes de fer > 40 %
hydroxydes d'aluminium = 4 à 10 %
Nota : en terme de traitabilité, on peut établir le classement suivant : Boues de décarbonatation > boues de clarification > boue de déferrisation.







Classement des boues.
(selon l'ouvrage "Traiter et Valoriser les Boues" , livre collectif d'OTV, octobre 1997).
Boues issues des traitement d'eaux de surface (classe 1) :
Il s'agit généralement de boues hydroxydes (encore appelées boues de clarification) obtenues par décantation ou rétention des MES et colloïdes précipités à l'aide de sels de fer ou d'alumine.
En fonction de la qualité de la ressource (matières en suspension dans l'eau brute) elles contiennent une quantité variable de matières facilement décantables, telles que de la marne ou de l'argile.

Les boues hydroxydes se répartissent en quatre classes :

Boues issues des traitement d'eaux de forage (classe 2) :

Le cas des boues mixtes :
Les eaux de surface (dures) peuvent faire l'objet d'une décarbonatation, même si ce cas de figure est assez rare.
Inversement, les boues de forage peuvent contenir des boues hydroxydes, à la suite d'un collage aux réactifs. La filière génère donc une boue mixte.
Les proportions respectives de chaque type de boues permettent de connaître les caractéristiques du mélange et d'estimer les performances de traitement.






Spécificité des boues.
1 - Eaux issues des eaux de surface.
Ce sont des boues de type hydrophile. Leur teneur en hydroxydes et en matières organiques peut considérablement varier, selon l'origine de l'eau brute. Un niveau élevé de carbonate de calcium (CaCO3) conjugué à de faibles teneurs en MO et en hydroxydes, assure une bonne traitabilité.
En revanche, les boues d'hydroxydes sont fines et légères, ce qui rend difficile leur épaississement par décantation.

Exemple de composition de boues hydroxydes et performances de traitabilité :
Paramètres
Boue de classe
1A
Boue de classe
1B
Boue de classe
1C
Boue de classe
1C
Boue de classe
1D
Origine des eaux >
Eau claire, peu chargée
(lac propre, barrage)
Rivière normale
Rivière argileuse (type marne)
Rivière en crue
ou à l' embouchure
Eau organique
(algues, plancton)
MES eau brute (mg/l)
1 à 10
30 à 70
30 à 70
60 à 200
-
MO (%MS)
20 à 30
-
15 à 20
15
> à 30
Hydroxydes (%MS)
40 à 60
-
20 à 30
10 à 20
> à 65
CaCO3 (%)
10
-
-
-
-
Argile (%MS)
-
-
25 à 40
-
-
DCO/MS (%MS)
0,25 à 0,80
-
0,20 à 0,40
-
-
Epaississement, avec polymère (g/l)
15
20
60
100
10
Siccité limite (%)
18
-
-
-
-
(Nota : la siccité définit le pourcentage de matières sèches [MS] contenu dans une boue).
Risques bactériologiques :






2 - Eaux issues des eaux de forage.
Boues de décarbonatation (classe 2 A) :
ces boues, venant des traitements d'eaux de forages dures, contiennent principalement du carbonate de calcium, qui leur donne un caractère hydrophobe. Leur traitabilité est donc très bonne.
Boues de traitement de substances métalliques (classe 2 B) : ces boues, comme les boues de décantation (chargées en MES) contiennent des hydroxydes de fer (et/ou de mangansèse); mais ces hydroxydes, formés à partir de la précipitation du fer (et/ou de mangansèse), sont constitués de cristaux relativement purs, entièrement inorganiques et, par conséquent, plus difficile à traiter.
Traitabilité difficile.
Exemple de composition de boues de forage et performances de traitabilité :
Paramètres
Boue classe 2A
Boue classe 2B
Boue de classe 2C
Traitement des eaux >
Décarbonatation
Déferrisation / Démanganisation
(physico)
Dénitrification /
déferrisation (biologique)
Eau brute
-
20 à 50mg/l Fe
-
MO (%MS)
-
-
> 70
Hydroxydes (%MS)
5 à 30
Fe[OH]3 > 40
-
CaCO3 (%)
50 à 90
20 à 40
-
Epaississement
avec polymère (g/l)
> 150
10
30
Siccité limite (%)
50
20
25

Boues de traitement biologiques (classe 2C) :
ces boues sont proches des boues de dépollution d'eaux usées.


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Traitements.
Raccourcis :
Stockage - Tampon
Epaississement
Deshydratation
Objectifs visés.
Quel que soit le mode de potabilisation des eaux , les boues sont initialement grandement constituées d’eau (>95 %), de matières minérales (dissoutes ou insolubles) et d'un peu de matière organique.
Selon l’utilisation qui peut en être faite, des traitements leurs sont appliqués :

On produit ainsi toute une gamme de boues aux propriétés diverses : boues épaissies, déshydratées, chaulées, séchées, compostées, etc.







Principale techniques de traitement :

A noter que :
les traitements mécaniques (décanteuse centrifugeuse, filtre à bandes, filtre à plateaux, flottateur...) sont plutôt réservés aux unités de grandes tailles (environ 6000 m3/jour).




Principes des principales techniques.
Stockage - Tampon.
Remarque : la plupart des boues d'eau potable sont constituées, en partie, d'eaux de lavage de filtres, qu'il est nécessaire de collecter et de rendre de même nature (homogénéisation) dans une cuve-tampon, et ceci avant de traiter. Ces cuves-tampons peuvent être de deux types :

Notes : il est envisagé quelquefois de renvoyer en tête de filière la totalité des eaux de lavage de filtres (après homogénéisation et stockage). Ce système permet d'écrêter les volumes sans pertuber le procédé. Les boues sont alors extraites uniquement au niveau des décanteurs.
Cependant, ce principe n'est pas recommandé : des protozoaires du type Cryptosporidium ou Giardia risquent d'être renvoyés en début de filière. Ou bien, un traitement spécifique (sur ces eaux de retour) doit être impérativement effectué.




Données basiques de dimensionnent :


Epaississement.
Raccourcis de ce chapitre :
Epaississeur statique hersé
(
eaux de forage)
Epaississeur statique lamellaire
Epaississement par flottateur
Remarque : les techniques d'épaississement dynamique, telles que les tables d'égouttage ou la centrifugation, sont peu utilisées en épaississement des boues d'eau potable, parce qu'elles sont faiblement fermentescibles (à la différence des boues résiduaires).
Les systèmes d'épaississement peuvent être de 3 types :

Soit donc,
1) Epaississeur statique hersé (boues de traitement des eaux de surface - classe 1).
A noter qu'un polymère (généralement anionique) peut être utilisé : il doit être du type SEP (Spécial Eau Potable) lorsque les surverses sont recyclées (en tête de filière eau). Par ailleurs, un ajout de chaux permet une amélioration des performances de décantation : par exemple, avec 25% de chaux (en Ca[OH]2 / MS) les purges passent d'une concentration de 10 à 25g/l.
Exemple de performances de l'épaississement (sur boues issues de décanteurs) :

Performances
Boue classe 1A
Boue classe 1B
Boue classe 1C
Boue classe 1D
Origine des eaux >
Eau claire, peu chargée
(lac propre, barrage)
Rivière normale
Rivière riche en alluvion
Eau organique
Concentration des boues épaissies (g/l)
15
30
> 60
10
Surverse (MES, mg/l)
2 à 27
2 à 27
2 à 27

2 à 27

Taux de polymère (mg/l)
0,5 à 5
0,5 à 5
0,5 à 5
0,5 à 5
(valeurs indicatives)



2) Epaississeur statique hersé (boues de traitement des eaux de forage - classe 2).
Contrairement aux boues de station d'épuration d'eaux usées, très évolutives, les boues d'eau potable peuvent être épaissies en amont, dans le décanteur.
Les boues riches en CaCO3 (boues de décarbonatation) s'épaississent très bien : les concentrations obtenues peuvent varier de 60 à 300 g/l (fonction du traitement sur la file eau).
Sinon, il faut noter des performances plus faible : les purges ont des concentrations d'environ 5 g/l (du fait de l'absence de MES dans les eaux brutes).










Epaississeur statique lamellaire.
Cette technique amène boues avec des charges et des concentrations élevées : jusqu'à 200 g/l lors d'une crue.
Exemple de performances de l'épaississement :

Performances
Boue classe 1A
Boue classe 1B
Boue classe 1C
Boue classe 1C
Boue classe 1D
Origine des eaux >
Eau claire, peu chargée
(lac propre, barrage)
Rivière normale
Rivière riche en alluvion
Rivière en crue
(ou embouchure)
Eau organique
Concentration des boues épaissies (g/l)
100
120
180
200
50
Surverse
(MES, mg/l)
100
100
100
100
100
(valeurs indicatives)








Epaississement par flottateur.
Cette technique s'applique de préférence : aux eaux de lavage des filtres, aux boues issues d'eaux très organiques (classe 1D), aux boues de déferrisation ou de démanganisation. Ce système dynamique, peut fonctionner en discontinue, et par ailleurs, est bien adaptée aux boues difficilement sédimentables : boues riches en MO (matières organiques) et/ou hydroxydes.
Principe > Flottation directe :



Dans ce système, la boue est pressurisée dans une bâche à air (bâche de pressurisation).


Flottation indirecte
:

Dans cette configuration, l'eau clarifiée des sousverses est pressurisée puis détendue et mélangée à la boue, à l'entrée du flottateur. Il existe une boucle de recirculation, dans laquelle peut être injecté la boue brute (système dit à co-courant), ou introduite dans un pot de mélange situé dans la cuve (contre-courant).

Exemple de performances de l'épaississement :
(valeurs indicatives)

Paramètres
Flottateur direct
Flottateur indirect
Concentration des boues épaissies (g/l)
20 à 40
25 à 50
Sousverse (MES, mg/l)
100 à 300
10 à 50
Taux de polymère (mg/l)
1 à 2
1 à 2
Energie d'entrée de station (kwh/m3)
1
0,5
(Nota : les sousverses représentent les eaux séparées des boues après épaississement)


(déshydratation)






Deshydratation.
Raccourcis de ce chapitre :
Fitration sur filtre à bandes
Fitration sur filtre à plateaux
Centrifugation
Sac filtrant
Lit de séchage
Lagunage
Tableau comparatif des différentes techniques de déshydratation
Remarque : les boues déshydratées au polymère sont rarement gerbables, même à forte siccité (>30%). Cet état ne sera obtenu qu'après ajout de chaux (qui leur donne également le statut d'amendement calcique)
Principale techniques de déshydratation :

  1. Fitration sur filtre à bandes
  2. Fitration sur filtre à plateaux (filtre-presse)
  3. Centrifugation (décanteuse centrifuge)
  4. Sac filtrant
  5. Lit de séchage
  6. Lagunage




Fitration sur filtre à bandes.
Principe de fonctionnement (exemple de filtre à moyenne pression) :


avec,
  1. bac de mélange et répartiteur, de la boue brute (et de la chaux ou du polymère),
  2. zone d'égouttage gravitaire, avec bande de 600 mm (munie de bobines fixes),
  3. rouleau de pré-pressage, avec bande de 450 mm,
  4. zone de déshydratation progressive, puis de pressage haute intensité,
  5. zone de raclage et de déversement (cuve-tampon ou/et convoyage),
  6. système de guidage automatique,
  7. rampes de lavage (nettoyage continu).

Nota : il existe des filtres à basse et haute pression (même processus à quelques différences près).

Le conditionnement s'éffectue généralement à la chaux (dose de 30% / MS). La siccité obtenue varie entre 20 et 25% et la teneur en MES des filtrats est inférieure à 30 mg/l.
NB - ce système n'est pas recommandé pour les boues organiques (classe 1D), de déferrisation ou démanganisation (classe 2B), et aussi les boues biologiques (classe 2C) : risques de collage sur les bandes).

(filtre à plateaux)






Fitration sur filtre à plateaux (filtre-presse).
Principe
(filtre à plateaux conventionnels) :



Le filtre est donc formé d'une batterie de plaques évidées verticales, dotées de toiles filtrantes serrées sous l'action d'un vérin. Ces plaques forment alors des chambres de filtration.
La boue à filtrer est injectée sous-pression dans les chambres (5), où elle s'accumule jusqu'à former un gâteau compacté. Le filtrat est recueilli dans des cannelures (à l'arrière du support filtrant) et évacué par des conduits internes (6). La pressée se termine à l'arret de la pompe, puis les circuits de filtrats et la conduite centrale sont purgés à l'air comprimé (7).
Débatissage : le vérin libère la 1ère chambre et le gâteau tombe gravitairement. Un système mécanique et automatique permet de dégager ensuite les plateaux un à un.



1)Conditionnement au polymère : le taux de traitement est de l'ordre de 0.5 à 1 kg/t MS.
La siccité obtenue varie entre 18 et 20% pour un temps de pressée de 4 heures.
2)Conditionnement à la chaux (lait de chaux) : le taux de traitement est de l'ordre de 15% / MS, il permet d'obtenir des siccités élevées, supérieures à 40%.
La durée de cycle (pressée + débatissage) est de l'ordre de 2h30. La densité des gâteaux se situe entre 1,15 et 1,20 kg/dm3.
A noter que sur les boues de nature hydroxyde (rivière ou barrage), la siccité obtenue se trouvera entre 30 et 40% (pour un taux de chaux de 30 à 35% / MS). Exemple de filtre-presse :

Nota - les capacités des filtres sont rarement au-delà de quelques centaines de litres.
Equipés de débatisseurs automatiques, ces filtres sont très compétitifs par rapport aux autres techniques.

  (centrifugation)






Centrifugation (
décanteuse centrifuge).
Principe :
Accélération de la sédimentation par l'action de la force centrifuge,

La boue à traiter (boue + adjuvant) est introduite par un tube d'alimentation (1) et un distributeur (2) dans un rotor constitué d'un bol (3) et d'une vis convoyeuse (4). Le bol et la vis tourne à des vitesses importantes : la vis plus rapidement que le bol, d'ou une vitesse différentielle VR qui peut être plus ou moins faible et un temps de séjour plus ou moins long.
La vis évacue le solide décantée (boue centrifugée) vers l'extrémité du bol (5), et le liquide clarifié (centrat) vers l'autre extrémité (6).
Nota : le centrat est éventuellement renvoyé en tête de l'usine de potabilisation.


Performances -
Centrifugation de boues d'eaux de surface (hydroxydes).
1) Centrifugeuse conventionnelles - exemple (valeurs indicatives) :
Performances
Boue classe 1A
Boue classe 1B
Boue classe 1C
origine des eaux >
Barrage
Rivière normale
Rivière riche en alluvion
Siccité des boues (%)
14 à 18
15 à 25
30 à 40
Centrat
(MES mg/l)
100 à 200
100 à 200
100 à 200
Taux de polymère (kg/t MS)
5 à 7
3 à 8
2 à 5
(Nota : le centrat représentent les eaux séparées des boues après centrifugation)
2) Centrifugeuse de hautes performances : les siccités obtenues sont de l'ordre de 20 à 25%, pour des taux de polymère de 7 à 12 kg/t MS.

Centrifugation de boues d'eaux de forage.
Centrifugeuse conventionnelles - exemple de performances (valeurs indicatives) :
Performances
Boue classe 2A
Boue classe 2B
origine des eaux >
Forage, décarbonatation
Déferrisation
Siccité des boues (%)
30 à 55
env. 20
Centrat
(MES mg/l)
100 à 200
100 à 200
Taux de polymère (kg/t MS)
1 à 3
env. 2
Nota : la haute teneur en carbonate (CaCO3) des boues de décarbonatation (classe 2A) amène de bonnes perfomances.

(sac filtrant)






Sac filtrant.
Principe de fonctionnement :
Les sacs (volume : 60 à 400 litres) sont remplis puis égouttés durant une semaine environ, avant d'être disposés sur une surface de séchage, puis emmené en décharge (1 ou 2 fois /an).
Nota : un sac de 60 l peut recevoir jusqu'à 800 l de boues à 15 g/l, donc plusieurs remplissage journalier.
Performances :
Boues d'eaux de surface (classe 1) : les boues atteignent à peine 8 à 10% de siccité après égouttage, mais ceci s'améliore pendant le stockage : 10 à 20 % après quelques jours.
Boues d'eaux de décarbonatation (classe 2A) : la siccité obtenue sera d'autant plus élevé que le sac est de petite taille et la durée de stockage élevée.

Exemple de performances (valeurs indicatives) :
Paramètres
Boue classe 1
Boue classe 2A
origine des eaux >
Boue hydroxyde
Boue de décarbonatation
Siccité des boues (%)
10 à 20
20 à 50
Taux de polymère (kg/t MS)
2 à 3
1 à 2
Ce procédé n'est applicable qu'aux boues épaissies. Il nécessite peu d'investissement, mais beaucoup de manutention (frais de main d'oeuvre) : utilisable surtout pour les petites unités de moins de 100 kgMS/jour.

(lit de séchage)






Lit de séchage.
La configuration conventionnelle est un bassin rectangulaire de faible profondeur et divisé en plusieurs cellules pour faciliter l’épandage et l’entretien. Le fond du lit est doté d’un système de tuyauterie qui est installé dans le gravier pour le drainage de l’eau et le tout est recouvert par une couche de sable grossier (gravier).
La surface requise peut être estimée par la formule suivante : S = V / (N*H),
avec,

  • S : surface des lits (m²),
  • V : volume annuel de boues à traiter (m3),
  • N : nombre d’épandage par année,
  • H : épaisseur de boues épandues (m).

Par ailleurs, ce procédé nécessitera au moins deux ouvrages, afin d'alterner les étapes de remplissage et de séchage sur l'un ou l'autre lit (le nombre total de lit sera fonction des volumes totaux de boues à sécher).
Les lits devraient être conçus pour permettre un enlèvement des boues sèches par des équipements mécaniques comme des chargeuses frontales.
Remarque : il est possible d'alimenter des lits de séchage, de boues liquides venant directement d'un stockage-tampon (voir Option 1). Mais en principe, les boues sont d'abord épaissies afin de réduire les cycles de remplissage-séchage (Option 2).

Option 1 - Séchage de boues non épaissies.
(épaissisement et déshydratation en une seule étape)
Principe de fonctionnement.
1)Phase de décantation et d'épaissisement :

2)Phase de drainage :

3)Phase de séchage et de raclage :



Option 2 - Séchage de boues épaissies.
Principe de fonctionnement.
1)Phase de filtration et d'extraction :

2)Phase de drainage et d'évaporation :


(lagunage)






Lagunage.
Remarque : sans drainage de fond (classique) le lagunage s'effectuera sur un terrain imperméable, selon des cycles d'une année (1 an de remplissage et 1 an de séchage).
Principe de fonctionnement.
Une lagune sera toujours alimentée en boue non épaissie : elle cumule donc les fonctions d'épaississement (remplissage/décantation) et de déshydratation (séchage).
Le curage de la lagune (pendant la phase de séchage) sera effectuée, en principe, à la fin des mois d'été.
Actuellement, les boues traités ne devraient plus être envoyées en décharge...

Exemple de performances (valeurs indicatives) :
Paramètres
Climat humide
Climat moyen
Climat sec
Concentration de la boue en fin de phase d'épaississement (g/l)
20 à 40
20 à 50
20 à 100
Siccité des boues (%)
(obtenue au bout d'une année)
15
25
40
Nota : le gateau obtenu est souvent hétérogène : une boue peut être très sèche en surface (siccité d'env.65%) et rester semi-liquide à 20 ou 30 cm de profondeur.

(Comparaison des différentes techniques)







Tableau comparatif des différentes techniques de déshydratation :

Techniques
Avantages
Inconvénients
Applications
Filtre à bandes
Assez bonne siccité
Polymère
Terrain non disponible,climat trop humide
Filtre-presse
Très bonne siccité
Main d'oeuvre, réactifs, (coût)
Terrain non disponible, exigence de siccité, climat trop humide
Centrifugation
Bonne siccité
Texture de la boue, énergie, polymère (coût)
Terrain non disponible, exigence de siccité, climat trop humide
Sac filtrant
Faible coût d'investissement
Manutention
Station de faibles tailles (qqs centaines m3/j)
Lit de séchage
Boues solides
Superficie, riques climatiques
Climat peu humide
Lagune
Une seule étape, peu de main d'oeuvre
Superficie, aléas climatiques, lenteur, évacuation des boues
Climat trop humide, tout type de boue,
2 lagunes en parallèle (terrain argileux)


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Réglementation.
Directives concernant les déchets :




Normes AFNOR.

A consulter éventuellement :
T97-001 (novembre 1979) Essais des boues - Détermination des caractéristiques en liaison avec l'aptitude à la concentration.

NF U44-108 (octobre 1982) Boues des ouvrages de traitement des eaux usées urbaines - Boues liquides - Échantillonnage en vue de l'estimation de la teneur moyenne d'un lot.
Indice de classement : U44-108.
Publications contenant cette norme : Matières fertilisantes et supports de culture - Échantillonnage, analyses chimiques et essais physico-chimiques.

NF U44-110 (octobre 1982) Boues - Amendements organiques - Supports de culture - Préparation des échantillons partiellement secs pour essai - Expression des résultats.
Indice de classement : U44-110.

NF U44-171 (octobre 1982) Boues - Amendements organiques - Supports de culture - Détermination de la matière sèche.

NF EN ISO 8780-1 (mai 1995) Pigments et matières de charge - Méthodes de dispersion pour évaluer la dispersibilité - Parties 1, 2, 3, 4 et 5.
Indices de classement : T31-210-1 / T31-210-2 / T31-210-3 / T31-210-4 / T31-210-5.

NF EN 12579 (juillet 2000) Amendements organiques et supports de culture - Échantillonnage,
Indice de classement : U44-101.
Publications contenant cette norme : matières fertilisantes et supports de culture - échantillonnage, analyses chimiques et essais physico-chimiques.

Site internet > Normes AFNOR.


Téléchargement d'un programme de calcul et de dimensionnement des boues (potabilisation) < TBEP, 163 ko> : ici
ou voir d'abord ce lien d'informations.


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Sources de certaines pages (entre autres) : "Traiter et Valoriser les Boues" , ouvrage collectif OTV.


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