Concentrats.
Le concentrat et les solutions
de lavage usées
La nature exacte du concentrat dépend :
Les concentrats sont moins turbides
que l'eau brute (en ce qui concerne, du moins, l'eau karstique ou
l'eau de surface) parce qu'ils ont été
prétraités. Ils concentrent cependant, toutes les
espèces dissoutes de l'eau brute ainsi que les produits
chimiques nécessaires au prétraitement (acides et/ou
agents anti-colmatage). Cette concentration dépend du taux de
rétention et de conversion. Le facteur de concentration, par
exemple, est de 5 pour un taux de rétention de 100% et un taux
de conversion de 80%.
L'American Water Works Association Research Foundation (AWWARF) a
commandité une étude complète sur les
caractéristiques des concentrats et les méthodes
d'élimination (Mickley et al ,1993). L'élimination du
concentrat dans les stations de NF et d'OI est un problème
majeur aux États-Unis, où l'on considère que les
concentrats sont des déchets industriels qui doivent
être testés et caractérisés comme tels.
Dans un certain nombres d'études d'impact, les bioessais sur
les concentrats se sont avérés négatifs, soit
à cause de la présence d'H2S,
soit à cause du manque d'oxygène ou parce que les
micro-organismes n'étaient pas adaptés au milieu.
Les auteurs de l'étude commanditée par l'AWWARF
expliquent certains de ces échecs par un
"déséquilibre ionique", c'est-à-dire par la
différence de composition ionique entre le concentrat et
l'environnement dans lequel les organismes du bioessai se sont
acclimatés.
Toujours dans l'étude AWWARF, cinq méthodes
d'élimination sont identifiées. On y trouve, par ordre
décroissant d'utilisation :
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Les volumes des solutions de nettoyage usées sont faibles en comparaison des volumes de concentrats. Le volume de solution dépensée pour le nettoyage mensuel d'un système d'OI spiralé ne dépasse pas 0,51 m3 de perméat (cf. Tableau suivant). Si le nettoyage s'effectue en deux temps, on peut mélanger les solutions acide et alcaline pour qu'elles se neutralisent l'une l'autre, avant le rejet.
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Applications (Traitement global et
Traitement spécifique).
< Raccourcis vers le chapitre Traitement
spécifique >
Traitement global.
Le développement de la nanofiltration (en Floride) est
la première application des membranes à objectifs
multiples. On l'a appelée "adoucissement par membranes" car
l'objectif principal était de réduire la dureté
de l'eau. Mais l'élimination de la couleur et des
précurseurs de sous-produits de désinfection
étaient aussi des objectifs importants. La dureté des
eaux souterraines de Floride, souvent de plus de 30°F (300 mg/l
CaCO3), peut être réduite de 80 à 95% grâce
à la nanofiltration. L'élimination de la couleur est
quasi-totale et l'abattement des précurseurs de plus de 95%
(sources Taylor et al, 1992).
L'ultrafiltration, la nanofiltration et l'osmose inverse ont
été évaluées lors des premières
études en Floride. Les résultats concernant le
carbone organique dissous (COD), montrent que l'abattement par
UF n'est pas suffisant (seuil de coupure du poids moléculaire
>1000 Daltons).
Par ailleurs, l'OI n'offrait pas de meilleurs résultats que la
NF, alors qu'elle avait des inconvénients:
l'élimination de la dureté était trop grande et
les coûts en énergie plus élevés.
Il a été étudié dans plusieurs pays le
traitement de l'eau douce par NF :
- élimination de la couleur,
- des précurseurs,
- des micro-organismes pathogènes.
Les progrès les plus
importants ont été enregistrés en Norvège
où, à la fin 1994, une vingtaine de petites stations,
d'une capacité de 200 à 300 m3/]) avaient
été construites.
En France et en Hollande, on commence a utiliser à grande
échelle les membranes, dans des stations de traitement des
eaux de surface.
Hollande :
Les objectifs sont les suivants : réduire le niveau de sodium
ou de chlorure, éliminer les pathogènes et les
composés organiques synthétiques et réduire la
solubilité du plomb, lors de l'adoucissement. (Schippers.
1995; rapport national).
A la Station d'eau potable d'Amsterdam (le Rhin), on évalue
l'OI comme étape finale du traitement, après un train
conventionnel qui comprend: clarification, filtration sur sable,
ozonation, filtration par charbon granulaire actif et filtration
lente sur sable.
A la Station d'eau potable de Hollande du Nord (lac Ijssel), on
étudie l'utilisation de la MF ou de l'UF comme
prétraitement à l'OI. Ces deux procédés
par membranes suivraient un prétraitement conventionnel.
Finalement, à la Station d'eau potable de la Hollande du Sud
(la Meuse), on étudie la nanofiltration suivant un
prétraitement conventionnel.
France :
La nanofiltration est utilisée à grande
échelle depuis la mi-1992 pour le traitement de l'eau de
l'Oise
( Méry-sur-Oise) :
Le principal objectif y est
d'éliminer le COD, et surtout le CODB et sa fraction
biodégradable, afin d'obtenir une eau dont la demande en
chlore est essentiellement nulle (élimination des goûts
et odeurs, des sous-produits de désinfection), qui est stable
dans le réseau de distribution.
Mais également l'élimination :
Les résultats basés sur
une année d'opération sont présentés au
tableau ci-après
(Sources : Côté et al, 1993).
Nota : 340 000
m3/jour,
dont 70% avec le tritement de nanofiltration,
et 30% avec un traitement biologique utilisant le couplage
"ozone/charbon actif" (incluant clarification + filtration sur
bicouches [sable+anthracite]),
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Nota : avec la création d'une liaison Oise<>Marne,
l'usine de Méry-sur-Oise pourra également participer au
dispositif d'interconnexions entre usines mis en place par le SEDIF
pour garantir la sécurité de l'alimentation en eau
potable sur l'ensemble de son territoire.
>>> site sur cette
unité de traitement : Mery
Autre exemple d'usine incluant la nanofiltration :
Nota - Filtration membranaire OTV (Véolia) : -
différentes options : MF, UF, NF et OI, Opaline,
combinant les technologies membranaires et l'adsorption sur charbon
actif pour éliminer pesticides, carbone organique total (COT),
perturbateurs endocriniens, microorganismes, turbidité,
goût et odeurs.
Traitement
spécifique
Sulfates.
Trois rapports nationaux décrivent des applications concernant
l'élimination de concentrations élevées de
sulfate (jusqu'à 1000 mg/l), dans les eaux souterraines pour
la production d'eau potable. Van Craenenbroeck et Meeus (1995) ont
fait des études pilotes sur l'OI et l'ED en Belgique. Il
fallait adoucir l'eau d'alimentation pour prévenir
l'entartrage, car les sulfates étaient associés aux
ions de calcium. L'OI et l'ED enlevaient parfaitement les sulfates,
mais elles éliminaient aussi trop d'ions monovalents. Les
auteurs en ont conclu que la nanofiltration pouvait s'avérer
plus performante. Des applications semblables en France où
plusieurs stations de NF existent (ex : Jarny,
Meurthe-et-Moselle).
Ammoniaque. Une petite usine d'OI a été
construite en Suède pour éliminer l'ammoniaque des eaux
souterraines (Ericsson, 1995, rapport national).
Arsenic. L'Agence américaine de la protection de
l'environnement (EPA) a fixée un niveau maximum de
contamination en arsenic, on devrait passer de 50 ug/l à un
chiffre beaucoup plus bas, d'où l'intérêt
suscité par les procédés à membranes.
Kartinen et Martin ont présenté, en 1994, une
étude comparée des procédés par
précipitation, adsorption et membranes.
La NF, tout comme l'OI, permettent tout aussi bien d'éliminer
l'arsenic sous ses formes bivalente que pentavalente. L'ED est plus
efficace pour enlever l'arsenic pentavalent, à condition de
pouvoir effectuer une pré-oxydation. Les membranes permettent
de mieux éliminer l'arsenic, tout en utilisant moins de
produits chimiques. L'inconvénient majeur, par contre, est que
l'on produit un déchet dans lequel l'arsenic est encore en
solution et que l'on élimine en même temps les sels
nécessaires.
Fluor. Pontie et al (1994) ont évalué, dans une
étude pilote, la NF et l'OI pour enlever le fluor des eaux
souterraines. Ils rapportent qu'au Sénégal, le niveau
de fluor des eaux souterraines peut atteindre 7 mg/l, alors que le
niveau maximal en eau potable, à 25°C, est de 0,7 mg/l.
Ils démontrent qu'en complexant le fluor avec de l'aluminium,
on l'élimine plus efficacement.
Nitrates. L'OI et l'ED sont utilisées à grande
échelle pour enlever les nitrates. Une des premières
analyses sur l'utilisation des procédés à
membranes pour l'élimination des nitrates, (Rautenbach et al,
1986), démontre la simplicité de l'OI et sa
capacité à enlever simultanément les particules
et les composés organiques. Cependant, l'ED permet d'augmenter
les taux de conversion et de minimiser les pré et
post-traitements.
Filteau et Rielly (1993) décrivent une station d'OI de
2000m3/] aux États-Unis, où le taux de
rétention des nitrates est de 90% et où l'on
reminéralise le perméat par mitigeage. Brunswick et al
(1993) ont testé quatre membranes différentes dont le
taux de rétention s'échelonnait entre 80 et 97%. Les
membranes d'OI n'offrent pas toutes des performances
égales.
Prato et Parent (1993) ont passé en revue les installations existantes où l'on utilise le "reversai ED" pour enlever les nitrates. Ils décrivent quatre stations où l'élimination des nitrates varie de 67 à 93%. Il est aisé, en ED, de concevoir un système pour obtenir un pourcentage d'élimination spécifique. Dans tous les cas, l'élimination de tous les solides dissous (TDS) est du même ordre que l'élimination des nitrates. Chebi et Hamano (1994) ont présenté les résultats à échelle pilote d'une nouvelle membrane d'ED dont la sélectivité à l'égard des nitrates est excellente. Le tableau suivant montre qu'il est possible d'éliminer 80% des nitrates avec un taux de conversion de 95%. Le résultat est significatif sur deux plans. Tout d'abord, cette membrane permet d'éliminer les nitrates d'une eau à faible teneur en matières solides, sans avoir à la reminéraliser (pour la production d'eau potable); ensuite, l'élimination du calcium et du sulfate est faible, ce qui minimise les risques d'entartrage, à taux de conversion élevé.
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Tendances.
Les procédés à
membranes se sont développés durant les 40
dernières années pour le dessalement de l'eau. A la fin
1993, il y avait, à travers le monde, plus de 7200 stations
à membranes (capacité > 100 m3/jour), avec une
capacité de traitement combinée de 7,2 Mm3/jour. Leur
principal objectif est de produire de l'eau potable, ce qui concerne
environ 18 millions de personnes.
Les membranes d'osmose inverse, de nanofiltration et
d'électrodialyse, de configurations et compositions chimiques
différentes, sont vendues par plusieurs fabricants. Lors d'une
étude concernant 38 fabricants, il a été
recensé plus de 200 membranes sur le marché. La plupart
des membranes sont vendues sous forme de modules plans et spirales.
Cependant, plusieurs produits à fibres creuses et tabulaires
sont aussi disponibles.
Le domaine des membranes d'osmose inverse a atteint un stade de
maturité, en ce qui concerne de nouveaux développements
majeurs. La perméabilité, le taux de rejection des
sels, la résistance au chlore et au colmatage peuvent
être sujets à amélioration.
La composition chimique des membranes (acétocellulose,
polyamide aromatique) est du domaine publique et peut être
utilisée par tous les fabricants. La concurrence devrait
augmenter dans ce domaine, et tous les usagers devraient en profiter.
On attend cependant plus d'innovation dans le domaine des
membranes de nanofiltration.
En électrodialyse, l'intérêt est de pouvoir
éliminer une espèce mineure spécifique, le
nitrate par exemple, sans avoir à faire traverser la membrane
par tout le débit. Cependant, parce qu'elle se limite à
l'élimination d'espèces ioniques à des
concentrations relativement basses, l'ED s'est
développée moins rapidement que l'OI.
De plus en plus, on utilise l'osmose
inverse et la nanofiltration pour
leurs capacités d'élimination plus larges, dans les
applications où le dessalement est secondaire. Enlever les
microbes, les matières organiques dissoutes, les pesticides et
la dureté en une seule opération, et sans produits
chimiques, est le rêve de bien des professionnels du traitement
de l'eau.
Le potentiel de croissance le plus important est dans le traitement
des eaux de mauvaise qualité, les eaux de surface dans des
zones très peuplées, par exemple. Les projets les plus
importants se trouvent en France et en Hollande. La nanofiltration
semble particulièrement intéressante parce qu'elle
permet d'éliminer en quasi-totalité les composés
organiques synthétiques et naturels de l'eau douce, sans la
déminéraliser complètement.
A noter > le procédé TERION S
(Veolia Water Technologies) qui combine
l'osmose inverse et lélectrodéionisation en
continu pour produire de l'eau déminéralisée de
haute qualité qui répond aux normes mondiales de
laboratoire et industrielles les plus exigeantes. / lien
>>> Brochure
(Veolia Water
Technologies) sur la technique
membranaire en déssalement
(2078 ko).
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